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L'URBANISTE QUI TENTE L'URBANISME DURABLE

le 06-01-2009 17:04

Clim'City, une ville durable au bout de la souris IN Le Monde

Clim'City, une ville durable au bout de la souris

De gauche à droite, le regard embrasse une station de ski posée sur des montagnes enneigées, une plaine agricole entrecoupée de forêts, puis une ville avec ses quartiers résidentiels, son centre d'affaires et ses industries, ses centrales électriques et sa décharge... Enfin l'océan, bordé par les ports et la plage.

 

Ce décor imaginaire, c'est le monde interactif de Clim'City, une exposition virtuelle sur la lutte contre le changement climatique doublée d'un jeu gratuit en ligne, grâce à qui chacun peut se prendre pour Al Gore et se confronter au casse-tête du développement durable. Déjà jouable sur Internet (www.cap-sciences.net), cet outil éducatif doit être distribué en DVD dans les collèges et lycées aquitains en janvier : le programme a été imaginé par Cap Sciences, le centre de culture scientifique d'Aquitaine.

La situation de départ est connue : c'est la nôtre ! Des bâtiments mal isolés, des transports basés sur la voiture et le camion, des industries polluantes, une consommation effrénée d'énergies fossiles et une émission massive de gaz à effet de serre. "Les chiffres sont réalistes. Nous avons transposé les statistiques françaises à une agglomération de 115 000 habitants. Comme dans la réalité, si l'on ne fait rien, la situation empire", explique Eric Gorman, concepteur du programme.

 

L'objectif, lui aussi, est défini par les véritables plans "climat" des pays industrialisés, censés diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050. Pour réduire la consommation d'énergie de 40 % et atteindre une proportion de 60 % d'énergies renouvelables, vous disposez de cinquante ans et de 250 actions, qui nécessitent de gérer avec méthode les ressources limitées des pouvoirs publics, des entreprises et des citoyens : développer l'éolien, le solaire, les biocarburants ; promouvoir l'écoconstruction ; étendre les transports en commun, le recyclage des déchets. Sans oublier d'éduquer vos concitoyens et d'investir dans la recherche.

 

"Il est très difficile de gagner, ça fait partie de la prise de conscience", admet le concepteur. Le jeu en ligne vous permet de comparer l'efficacité de votre plan climat à celui des autres joueurs. Sans garantie d'être imité par les véritables décideurs.

 

Grégoire Allix

 

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le jeu

 


Commentaires

 

1. jmdamien  le 06-01-2009 à 16:22:27  (site)

Ce jeu m'a l'air tout à fait intéressant.

 
 
 
le 06-01-2009 08:29

L'EMPREINTE ECOLOGIQUE A REVOIR ? IN notre-planete-info

Instaurée dans le concept strictement anthropocentriste induit par la culture monothéiste de l’homme-roi, ce judicieux outil d’évaluation n’a pas tenu compte que nous n’étions pas la seule grande espèce sur Terre. Ce manque de discernement biocentriste fausse la donne puisqu’en raison des interdépendances, il n’est guère possible pour l’animal humain de congédier les autres colocataires de la Maison du Quaternaire et de ne se préoccuper que des espèces qui le nourrissent ou lui font belle la vie. C’est un volet de plus à verser au dossier de notre cécité écologique. Selon ce point de vue écosophique, les calculs devront être reconsidérés.

Sachant que chaque personne exerce un impact précis sur le milieu selon sa façon de vivre (produire sa nourriture, les biens qu'il consomme, en absorber les déchets), le meilleur outil qui ait été imaginé pour mesurer cette consommation de ressources au prorata de la surface nécessaire est l’empreinte écologique. Cet indicateur fut inventé au début des années 1990 par Mathis Wackernagel et William Rees, spécialistes en planification. À partir de cette évaluation, on peut déduire si notre économie respecte ou non les capacités régénératrices planétaires. L'empreinte écologique est évaluée en hectares globaux, c'est-à-dire en hectares biologiquement productifs selon une productivité mondiale moyenne. On peut étudier une telle empreinte pour un individu, une famille, une ville ou une nation, et établir des comparaisons édifiantes. Il est aussi possible et révélateur de l’évaluer sur un secteur écologique, un écosystème, comme celui de la seule forêt à l’échelon mondiale. La terre possède 11,3 milliards d'hectares de surfaces biologiquement productives, comprenant des terres et des surfaces d'eau. En prenant une population de 6 milliards d'hommes, il y a sur Terre 1,8 hectare global disponible par personne de terres et de mers biologiquement productives. Cette surface se restreint au fur et à mesure que la population augmente. Quand l'empreinte par personne est supérieure à 1,8 hectare, on entre en déficit écologique. L'empreinte écologique moyenne est présentement évaluée à 13,5 milliards d'hectares globaux, soit 2,2 hectares par personne. Il y a donc dépassement de 21% par rapport à l'espace disponible et les activités anthropiques consomment déjà largement plus que la capacité de régénération de notre planète. Les pays riches sont évidemment ceux qui présentent les plus grands déficits écologiques. Si les émirats Arabes-unis s’octroient 9,9 hectares par personne, les États-Unis 9,5 hectares et la France 5,8 hectares, le continent Africain ne mobilise qu’1,2 hectare par personne, l’Inde 0,8 hectare et la Somalie 0,4 hectare par personne (Source : rapport planète vivante 2004 du WWF).

Mais le respect des niches écologiques et de l’espace vital propres aux autres grandes espèces n’a pas été prévu dans un tel calcul très utile mais éminemment anthropocentriste. Pour saisir cet aspect des choses, il suffirait d’imaginer notre destin si, à notre instar, gorilles, orangs-outangs, chimpanzés, éléphants, rhinocéros, buffles, girafes, cerfs, chevreuils, sangliers… se taillaient aussi la part du gâteau avec plus de 6 milliards de représentants ! Qu’adviendrait-il de nous ? Nous ne sommes pas la seule espèce à jouir de la biosphère et toutes les espèces sont colocataires dans un mutualisme nécessaire. Il y aurait donc réellement bien moins de 1,8 hectare par humain si notre sagacité écologique se montrait apte à ménager un véritable habitat (lieu de vie) pour les autres animaux que le seul humain, et pas seulement des réserves d’inspiration environnementaliste dans lesquelles on abat les éléphants quand ils sont trop nombreux, ou la technique d’introduire des maladies comme la myxomatose quand le lapin devient une espèce aussi invasive que nous, ou déclarer nuisibles des oiseaux comme le corbeau freux, la corneille noire, l’étourneau sansonnet, l’ibis sacré quand ils commencent à se reproduire avec la même dynamique que les humains. Revendiquer ce 1,8 hectare pour nous seuls, notre décor écosystémique et des animaux de consommation, en expropriant la faune sauvage, n’est donc ni scientifique, ni raisonnable.

Quelqu’un avait récemment fait le calcul suivant. Si sur son 1,8 hectare, l’humain plantait du blé à raison de 2 tonnes par an à l’hectare, selon le rendement actuel moyen d’un peu plus d’une tonne, sa production serait de 1,8 x 2 = 3,6 tonnes de blé... à 160 euros la tonne de blé (moyenne boursière pour les centrales d'achat de l’époque ), son revenu annuel n’attendrait que 576 euros, soit 1,57 euros par jour, donc bien en dessous du seuil de pauvreté. Et de ces 576 euros, il convient de retirer le prix de la chimie incontournable pour booster la production de 1,1 tonne de beaux blés naturels à 2 tonnes du même blé en version pathologique, en stérilisant la terre, en polluant les rivières et en concoctant les petits cancers qui sont désormais partie intégrante de notre culture performante. Mais si cet habitant vivait en autarcie et consommait sa production, il disposerait de 9,8 kilogrammes de blé par jour, soit bien plus qu'il ne peut en consommer, et même en faisant un peu de troc pour l’obtention d’autres aliments, il pourrait donc diminuer sa production pour laisser de la place aux animaux sauvage. Sans agrochimie, la quantité de blé disponible n'attendrait que 5,39 kg / jour / 1,8 hectare. Cet exemple prosaïque révèle bien que le commerce engendre une problématique à l’origine de toutes nos catastrophes, quoi qu’en disent l'OMC, le FMI, la Banque Mondiale, la FAO…, lesquelles institutions se doivent de cautionner la prédation et l'esclavagisme moderne.

Il semblerait que pour s’inscrire dans un réel équilibre naturel et pérenne, l’effectif humain ne devrait pas dépasser tout au plus un milliard, voire seulement 300 millions selon d’autres points de vue. Nous sommes bien loin du chiffre des 2 ou 3 milliards que j’avançais prudemment, sans doute inconsciemment pour ne pas provoquer la pénible levée des boucliers natalistes. Comme nous n’étions que 250 millions en l’an 1, ce qui est proposé n’est qu’un retour « à la normale », très christique qui plus est ! Qu’en serait-il ? Notre espèce vivrait naturellement, écologiquement, ne serait plus mise en danger. La biodiversité serait respectée. Les pollutions biologiques seraient absorbées et neutralisées. Une production naturelle mettrait tout le monde à l'abri des famines et des maladies artificiellement inculquées.

Mais nous avons un faible pour la surpopulation et ses malheurs, pour une vie chaque fois plus invivable et même hypothétique pour nos enfants que nous croyons aimer mais que nous n’engendrons que pour satisfaire aux dogmes des religions révélées (inventées), patriotiques (guerres) et consuméristes (banksters). Engrais chimiques, pesticides, insecticides, herbicides, fongicides, OGM, irradiations alimentaires, recyclage des déchets alimentaires en aliments consommables, aliments de synthèses… Nous permettent peut-être de nourrir 10 ou 20 milliards de personnes. Et encore, pas toutes puisqu’un milliard connaît une famine quasiment programmée par la spéculation et autres perversités « humanistes » des pays du Nord.

Notre surpopulation qui cohabite déjà avec ses cancers correspond à un processus en spirale : nous n’aurons bientôt plus que 800, 400, 200, 50… mètres carrés pour vivre, sur un sol biologiquement mort, dans un décor nu, pollué, galvanisé. Aurons-nous encore la force d’entreprendre d’ultimes guerres d’appropriations et d’exterminations, ou bien signerons-nous ainsi notre autogénocide ?

Dieu a dit à Adam et à Eve : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là ; ayez autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur tout ce qui est vivant et qui remue sur la terre. » (Genèse 1,28). C’est à partir de ce précepte irrationnel que nous avons défini notre sainte empreinte écologique. Elle n’a donc rien d’écologique, comme tout ce qui est environnementaliste.

Auteur

Michel Tarrier
 


Commentaires

 

1. aurore  le 06-01-2009 à 09:17:21  (site)

Intéressant tout ça, bienvenue sur VEF, et bonne année !

2. xmissbzh  le 06-01-2009 à 13:40:05  (site)

j'adore. Je vais rajouter un mot de ce texte dans ma rubrique "rien ke des mots": il n'est pas dans le dico mais avec un peu d'imagination il n'est trop dure de lui trouver sa défénition. salut à+

 
 
 
le 05-01-2009 16:11

FAUT-IL Y CROIRE ?

LE VATICAN DENONCE LES EFFETS DEVASTATEURS

LA PILULE SUR L'ENVIRONNEMENT

IN Le Monde

Hostile à la contraception, le Vatican vient de lancer un nouveau pavé dans la mare en affirmant, à travers un article publié, samedi 3 janvier, dans l'Osservatore Romano, que la pilule aurait "depuis des années des effets dévastateurs sur l'environnement".

Selon le président de la Fédération internationale des associations de médecins catholiques et auteur de l'article, Pedro José Maria Simon Castellvi, cette pollution environnementale causée par la pilule serait due aux "tonnes d'hormones" relâchées "dans la nature" à travers les urines des femmes qui la prennent. Pour faire bonne mesure, l'auteur estime également que les scientifiques catholiques disposent de "suffisamment de données pour affirmer qu'une cause non négligeable de l'infertilité masculine (marquée par une baisse constante du nombre de spermatozoïdes chez l'homme) en Occident est la pollution environnementale provoquée par la pilule". Des affirmations lancées sans donner plus d'explications.

"PROPHÉTIE SCIENTIFIQUE"

Cet article, consacré à l'encyclique du pape Paul VI Humanae vitae qui a interdit, il y a quarante ans, aux catholiques l'usage de la pilule et du préservatif, résume les grandes lignes d'un rapport publié récemment par la Fédération des médecins catholiques, explique son président. "Nous sommes face à un effet anti-écologique clair qui exige davantage d'explications de la part des fabricants", souligne le Dr Castellvi, qui qualifie au passage l'encyclique Humanae vitae de "prophétie scientifique".

Les assertions de M. Castellvi ont aussitôt fait réagir les défenseurs de la contraception et les scientifiques. "Une fois métabolisées, les hormones contenues dans les contraceptifs oraux n'ont plus aucun des effets caractéristiques des hormones féminines", a ainsi assuré Gianbenedetto Melis, vice-président d'une association de défense et de recherche sur la contraception. Les hormones contenues dans la pilule, tels les oestrogènes, "sont présentes partout, (...) dans le plastique, dans les désinfectants, dans la viande que nous mangeons", a souligné de son côté Flavia Franconi, responsable de la société italienne de pharmacologie. - (AFP.)

 


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1. jessyilan  le 05-01-2009 à 15:17:26  (site)

Image hébergée par Casimages.com : votre hébergeur d images simple et gratuit BONNE FIN D APRES MIDI , GROS BISOUS.

2. xmissbzh  le 06-01-2009 à 03:05:51  (site)

Enfin un humaniste sur la planète de la blogosphère. Je t'ai mis dans mes blogs favoris pour recevoir tes infos de manière continue. Je suis artiste qui n'a pas encore décroché du gouffre. Patience. Sur mon blog, je balance quelques infos à travers des liens pouvant peut-être réveiller certaines consciences. La goutte d'eau fait l'océan. Sinon, je balancerai régulièrement sur mon blog des photos de mon travail, je suis nouveau sur le net. à bientôt.

 
 
 
le 05-01-2009 16:03

Le marché mondial du solaire photovoltaïque toujours en progression en 2007 IN actu environnement

Le Centre commun de recherche de la Commission européenne a publié son nouveau rapport sur le marché mondial du solaire photovoltaïque. Intitulé Photovoltaics Status Report, ce document témoigne de la vitalité du secteur.

 

Le Centre commun de recherche (Joint research centre - JRC) de la Commission européenne a publié son nouveau rapport intitulé Photovoltaics Status Report. Cette étude analyse les dernières données en matière de fabrication internationale et de mise sur le marché pour 2007 de matériels photovoltaïques. Elle met ainsi en évidence une augmentation de la croissance annuelle de la production : la capacité de production mondiale est en effet passée de 2.500 MW environ en 2006 à 4.000 MW environ en 2007 soit une hausse de 60% alors que depuis 2003 la croissance annuelle était de 40%.

Côté technologie, la hausse est encore plus marquante pour la technologie dite de « couche mince » : +80% en 2007 et 10% de part de marché. Selon le JRC, le fort taux de croissance de la couche mince et l'augmentation de sa part dans la production totale indiquent que la technologie est de mieux en mieux acceptée. Une part de marché de la couche mince de 25 à 30% en 2010 semble réaliste, prévoit le rapport.

En 2007, le Japon, l’Europe et la Chine détenaient chacun un quart du marché. Alors que la production du Japon a stagné entre 2006 et 2007, celle de l’Europe a crû de 40% environ sur la même période. L’Union Européenne (UE) est toujours un importateur net d’équipements photovoltaïques mais l’extension continue de ses capacités de production pourrait changer la donne.
Selon le rapport, la Chine détient la plus forte hausse de production d’équipements : 1.000 MW en 2007 contre environ 300 MW en 2006 et 3 MW en 2001. Résultats, les parts de marché des fabricants européens et chinois ont augmenté de 20% à 25% et de 1% à 25% respectivement, tandis que celles des USA et du Japon ont diminué de 7% et 23% respectivement. Pour 2008, le Centre commun de recherche estime que la production chinoise pourrait atteindre 5.700 MW et 10.500 MW pour 2010.
D'ici 2012, la Chine devrait représenter 27% de la capacité de production mondiale de cellules solaires, (environ 42,8 GW), suivie par l'Europe (23%), le Japon (17%) et Taiwan (14%).

Une production mondiale d’électricité en hausse

Pour 2007, le JRC évalue la production mondiale d'électricité photovoltaïque à environ 10 TWh, dont la moitié provient de l’UE. Comme les années précédentes, l'Allemagne était le plus grand parc installé avec 1.100 MW, suivis par l'Espagne avec 341 MW, du Japon avec 210 MW et des USA avec 205 MW. Selon les chiffres du Syndicat des Energies Renouvelables (SER) et des professionnels du solaire photovoltaïque (SOLER), le parc photovoltaïque cumulé installé en France atteignait fin 2007, 75MW et devrait grimper à 170 MW fin 2008.

Le scénario de croissance du photovoltaïque pour l'Europe, basé sur des données allant de 2001 à 2007, sur une analyse des politiques européennes et sur une évaluation des investissements actuels, prévoit la production de plus de 15 TWh d'électricité en 2010.

F.ROUSSEL

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le rapport

 


 
 
le 05-01-2009 08:57

Grand chambardement en Méditerranée IN Le Monde

Grand chambardement
en Méditerranée
LE MONDE | 02.01.09 | 14h23  •  Mis à jour le 02.01.09 | 18h50

es dockers grecs ont dénoncé, manifesté, paralysé à 70 % le port de conteneurs du Pirée... Mais rien n'y a fait. Le 25 novembre, le président chinois Hu Jintao est venu à Athènes pour signer un accord global d'un montant de 300 millions d'euros. L'Etat grec a confié à l'armateur public chinois Cosco le soin de construire d'ici à 2015 et de gérer pendant trente-cinq ans un, puis deux nouveaux terminaux de conteneurs dans le port du Pirée.


Les dockers le savent depuis longtemps : tout accord qui étend l'empire du conteneur programme un peu plus la disparition de la manutention humaine. Ce parallélépipède métallique de dimension variable conditionne aujourd'hui toutes les marchandises, ce qui autorise une mécanisation totale de la manutention des ports, réduit le nombre de vols... et oblige les dockers à changer de métier.

Ainsi, quand un navire comme le porte-conteneurs Berlioz, de la compagnie française CMA-CGM, fait escale à Malte avec un chargement de plus de 4 500 conteneurs, il ne faut pas plus d'une quinzaine d'heures pour débarquer 800 conteneurs et en embarquer 140 autres. Après ce transbordement, le Berlioz reprendra sa route vers les ports d'Europe du Nord via Gibraltar. Les rapports de force sont en train de se modifier en Méditerranée. Depuis une dizaine d'années, mondialisation oblige, la "Mare nostrum" est devenue un sous-ensemble de "l'océan mondial". Bien qu'il n'existe pas d'observatoire officiel, les experts de l'OTAN estiment que 3 000 navires commerciaux franchissent chaque jour le détroit de Gibraltar, dont un tiers de pétroliers et un tiers de porte- conteneurs.

L'essor (plus de 10 % par an) du commerce par conteneurs en Méditerranée a entraîné une redistribution des cartes. Les vrais maîtres du jeu ne sont plus les caboteurs, les ports - symboles de puissance nationale - et moins encore les dockers, mais les armateurs de porte-conteneurs. En l'espace de vingt ans, les entreprises d'armement maritime sont devenues des multinationales qui gèrent des réseaux. Pour répondre à la demande des fabricants de jouets, de produits chimiques, de meubles ou d'ordinateurs qui ont délocalisé en Chine, les armateurs se sont regroupés et concentrés pour fournir un service complet, régulier, de l'usine au magasin et à jours fixes.

"Cosco construit en Méditerranée, bâtit un réseau, c'est ce que nous avons fait nous-mêmes", explique Nicolas Sartini, directeur des lignes Asie-Europe de la compagnie de transport maritime CMA-CGM. Le réseau, formé de points d'ancrage fixes, permet de mettre en place des lignes régulières, à fréquence et itinéraires fixes, avec des délais d'acheminement préétablis.

A Malte, où la CMA-CGM est concessionnaire pour les soixante prochaines années, neuf porte-conteneurs forment une ligne d'"autobus marins" qui acheminent des marchandises des ports de Chine vers l'Europe du Nord, par le canal de Suez, Malte et Gibraltar. "Chaque bateau fait le tour en soixante-trois jours, ce qui fait une escale par semaine à Malte. On pourrait le faire avec huit bateaux seulement en forçant les machines, mais le coût du carburant risque alors de dévorer et au-delà le gain de productivité", explique Jean Labbé, le commandant du Berlioz. Cette ligne CMA-CGM est évidemment en concurrence ouverte avec les lignes régulières des autres armateurs, comme le danois Maersk ou le chinois Cosco.

La guerre entre les armateurs spécialisés dans le conteneur a bouleversé l'économie traditionnelle du commerce en Méditerranée. "Les ports européens se sont trouvés dans l'obligation d'investir pour attirer l'attention des armateurs et capter une part plus importante du trafic de conteneurs" , explique Chantal Helman, directrice de la stratégie du port de Marseille. Des puissances portuaires traditionnelles, comme Marseille ou Le Pirée, ont perdu de l'importance, soit en raison de coûts salariaux élevés, soit en raison d'une mauvaise position géographique. Des petites taches sur la carte comme Malte, Gioa Tauro (Italie) ou Algésiras (Espagne) émergent comme d'authentiques capitales d'empires maritimes en Méditerranée. Le port de Malte a ainsi accueilli "1 900 navires en 2008, dont 700 gros porte-conteneurs", indique John Portelli, directeur général de Malta Freeport.

C'est sous l'impulsion des armateurs que les fonctions des ports ont changé. Comme les grandes compagnies aériennes l'ont fait dans l'aéronautique, les grands armements ont investi lourdement dans la construction de "hubs" au sein de l'espace maritime méditerranéen. Soit des ports de redistribution. Les hubs servent avant tout à accueillir "les plus gros bateaux, les décharger rapidement et redistribuer la marchandise sur des bateaux plus petits qui desservent alors des dizaines d'autres ports", explique Elizabeth Gouvernal, chercheuse spécialisée dans l'économie des transports. Un gros hub comme il en existe à Rotterdam ou Bremerhaven, en Allemagne, peut accueillir et décharger "entre 40 et 50 porte-conteneurs par semaine" explique un porte-parole de Maersk, le numéro un mondial du secteur.

Tel est le sens de l'accord conclu entre le port du Pirée et le chinois Cosco : la redistribution. "Le Pirée est très bien situé pour desservir les ports de la mer Noire, une aire géographique de 300 millions de consommateurs qui inclut des pays comme la Roumanie, la Bulgarie, l'Ukraine et le sud de la Russie", explique Nikolaos Anastassopoulos, PDG du Port du Pirée. Malgré la récession mondiale, les investissements pour l'après-crise se poursuivent. La Chine et Le Pirée se positionnent aujourd'hui pour tirer parti du développement économique inévitable des ex-pays de l'Est. "Ces pays ont tous une croissance économique à deux chiffres. Leur importance économique va s'accroître", analyse M. Anastassopoulos.

Tabler sur le développement économique d'une zone géographique oblige-t-il pour autant à devenir concessionnaire pour les trente-cinq prochaines années ? Ce coûteux système permet de donner une priorité aux bateaux de l'armateur concessionnaire. Un porte-conteneurs de 6 000 "boîtes", qui aurait à attendre une journée qu'on le décharge, perdrait entre 80 000 et 100 000 dollars (57 000 à 71 569 euros).

Compte tenu de ces coûts quotidiens, un port a d'autant plus vocation à devenir un hub qu'il évite au bateau le moindre écart. "Malte, notre hub principal en Méditerranée, est en ligne droite entre le canal de Suez et Gibraltar", se félicite Nicolas Sartini. Malta Freeport prévoit de passer de 2 à 3 millions de conteneurs d'ici à 2012 et a renégocié avec le gouvernement maltais une prolongation de sa concession de trente à soixante ans. CMA-CGM prévoit d'investir 100 millions d'euros pour accroître les capacités de traitement du hub de Malte. "La croissance du trafic de conteneurs a été à deux chiffres au cours de ces dernières années. Si bien que le risque de faire face à un manque de capacités portuaires était réel", explique Nicolas Sartini.

La récession qui pointe va-t-elle enrayer ce développement ? Les dirigeants de CMA-CGM nient une réduction des échanges. Mais il ne fait guère de doute que cette position ne saurait tenir longtemps. L'activité des hubs est liée à la conjoncture. Elle finira par fléchir. Un responsable d'APM Terminals, une filiale de Maersk, estime prudemment que "tous les projets doivent être réévalués de temps en temps et la récession est une bonne occasion de procéder à de nouvelles analyses. Mais il ne s'agit pas de remettre en question le principe". La récession a déjà pour conséquence d'accroître la compétition entre les hubs : Malte tente déjà de séduire des clients du hub de Maersk à Gioa Tauro.

Dans cette compétition engendrée par le conteneur, quel peut être l'avenir des ports "d'hinterland", ceux qui ont pour vocation de servir un arrière-pays et un bassin de population ? Marseille, Valence, Barcelone... ont tous des programmes d'investissement dans l'accueil des porte-conteneurs qu'ils ne remettent pas en question. Jean-Claude Terrier, le nouveau patron du Port autonome de Marseille, affirme que "pour les ports, les batailles se gagnent à terre". La qualité de ses liaisons avec les transporteurs fluviaux, la proximité de Marseille avec Lyon, la Suisse et l'axe Rhin-Rhône laissent envisager à Marseille un avenir prometteur. Deux extensions sont prévues pour l'accueil des conteneurs. Marseille espère ainsi reconquérir le trafic que des problèmes sociaux complexes avec ses dockers et des coûts salariaux élevés lui ont fait perdre.

Cette idée que les batailles maritimes se gagnent aussi à terre est confirmée par le fait que CMA-CGM et la Deutsche Bahn (DB), la société allemande de chemins de fer, envisagent de collaborer dans le transport de conteneurs. Le 11 décembre, le quotidien économique allemand Handelsblatt indiquait que Jacques Saadé, président de CMA-CGM, allait rencontrer en février le président du groupe ferroviaire allemand, Hartmut Mehdorn. Les deux groupes n'ont pas démenti, mais observent la plus grande discrétion à ce sujet. Il n'est donc pas exclu que la récession qui pointe accélère les mutations plutôt qu'elle ne les freine.


Yves Mamou La Valette , envoyé spécial
Article paru dans l'édition du 03.01.09
 


 
 
 

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