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Titre du blog : L'URBANISTE QUI TENTE L'URBANISME DURABLE
Auteur : urbaniste
Date de création : 23-08-2008
 
posté le 30-08-2008 à 09:06:22

LE GRAND PARIS... C'EST LA FRANCE ! (co rédigé par JP Gautry, Olivier Crépin et moi même)

Il est urgent de débattre sur le dessein de cette métropole majeure et sur sa capacité à rester une référence mondiale. Un Grand Paris pour quoi faire ? L’enjeu est bel et bien de
prendre en compte les besoins respectifs des habitants, des actifs, des étudiants, des entreprises et des touristes. L’avènement d’un véritable pouvoir d’agglomération, nous pensons que le coeur du débat est là. Les aires métropolitaines marseillaise et toulousaine, la métropole lilloise ou encore la conurbation azuréenne sont soumises à la même contrainte : ces territoires contribuent à la croissance,mais ne bénéficient pas des retombées du développement.

Mise en lumière par Laurent Davezies dans « La République et ses territoires », cette dissociation entre croissance et développement est davantage exacerbée au sein de la « région capitale ». La région Ile-de-France génère à elle seule 29 % du PIB et garantit, via les politiques de mutualisation « aveugles aux territoires», de puissants mécanismes de redistribution territorialeet de cohésion sociale. Les enjeux métropolitains ne sont donc pas seulement locaux ou régionaux, mais bien nationaux ! Gardons-nous aussi de penser que c’est en étalant davantage les emplois que nous rendrons service aux « Grand Parisiens » : une métropole ne peut pas garantir la cohésion urbaine avec un coeur mort. Sur le plan institutionnel, le travers de la décentralisation jacobine de 1982, c’est aussi d’avoir voulu faire de cette région une région comme une autre en l’alignant sur le droit commun : les acteurs franciliens de l’aménagement en payent aujourd’hui le prix. La métropole parisienne, c’est 300 communes et 300 politiques d’urbanisme. L’Assemblée des communautés de France propose à ce titre, dans son livre blanc de l’intercommunalité, un « traitement spécifique du coeur de l’Ile-de-France » pour y garantir « une structuration optimale de l’intercommunalité ».

Pourrait-on concevoir un Code de la route dont la gestion serait confiée à plusieurs corps de fonctionnaires différents ? Non, bien sûr. Pourtant, c’est ce qu’on incite à faire en matière de « Code de la ville » : ayant chacun leur légitimité et leur agenda politique, les exercices de planification territoriale sont décalés dans le temps et dans l’espace. Pour autant, il serait illusoire de prétendre assurer la gouvernabilité d’intercommunalités épousant la totalité des aires urbaines. Ce n’est donc pas entre « marguerite» et « tournesol » qu’il faut choisir pour composer son bouquet, ni même entre commune, département ou région. Il faut approfondir et renforcer les compétences intercommunales en commençant par marier urbanisme et communauté.
Les communautés d’agglomération et urbaines doivent ainsi se doter d’un plan communautaire d’urbanisme intégrant sous une même maîtrise d’ouvrage, PLU, programme local de l’habitat, plan de déplacements urbains renforcé, mais aussi schéma de développement économique et commercial. Les agglomérations doivent également être vertueuses sur le plan écologique, dotées d’une véritable fiscalité foncière, motrice d’une politique foncière communautaire intégrant droit de préemption et portage foncier économique et de l’habitat.
Planification de l’urbanisme, droit des sols, fiscalité foncière, gestion des mobilités urbaines, voilà qui donne à la fois du pouvoir d’intervention aux élus communautaires et du sens
au « Code de la ville ». Voilà qui permettrait d’inscrire la ville dans l’espace des réformes.
Un gouvernement du Grand Paris, oui ; une meilleure gouvernance pour un développement
durable des métropoles françaises, certainement! Avec des communautés cohérentes, renforcées… et légitimes. Il devient donc urgent de promouvoir l’élection au
suffrage universel direct des élus de l’intercommunalité, tout en garantissant l’expression d’une démocratie urbaine active associant les forces vives de nos territoires. L’actualité du Grand Paris nous montre que le pouvoir d’agglomération en France n’a pas encore émergé. Cette question « capitale » gagne véritablement à être inscrite à l’agenda politique de la réorganisation territoriale de notre pays. Porteurs d’une vision prospective et constructive, les urbanistes français comptent bien être force de proposition.

 

 

Commentaires

Samuel Widmer le 26-11-2014 à 16:49:14
On parlait d'ailleurs de la France métropolitaine du temps des colonies et encore aujourd'hui en opposition à la France d'outre-mer.


La Métropole du Grand Paris n'est certes pas la France métropolitaine, mais elle ne peut pas être réduite pour autant à l’Ile-de-France actuelle.
Reseaunance le 26-03-2009 à 22:50:11
Il faut aussi cesser de raisonner toujours structure! Il y en a bien assez. Le véritable enjeu de Paris et sa nébuleuse ville-nébuleuse-capitale-monde, est d'éviter l'enfermement dans un nouveau périmètre, trop grand ou trop étroit, selon les domaines et les projets ; le rapport Balladur, sur les traces du rapport Dallier, propose de ressusciter le département de la Seine, une nouvelle couche pour le mille feuille et une belle indigestion fonctionnelle en perspective dans une sacrée usine à gaz! Pourtant il existe une autre approche : penser et agir différemment, en réseau ; mais il faut être assez sage pour cela et savoir renoncer, pour certains, à la perspective de présidence et vice-présidences prestigieuses de la nouvelle métropole parisienne. Dans un réseau chacun est relié à l'autre au même niveau, comme sur le web avec les liens hyper texte! L'efficacité y gagne ce que le prestige y perd.
Constance Ritz le 30-10-2008 à 16:53:23
Bonjour je trouve votre blog trés bien fait et trés intéréssant. Etant actuellement en 1er STAV TA ( territoire et aménagement ) il m'a aidée a comprendre beaucoup de chose. Merci beaucoup continuer ainsi.


Constance