La dynamique des populations constitue le facteur dominant de l'évolution économique, sociale, et environnementale du Bassin méditerranéen. Selon les scénarios des Nations Unies de 1990, la population totale de l'ensemble des pays méditerranéens passerait de 356 millions en 1985 à un chiffre compris entre 501 et 611 millions en 2025.
Cette situation démographique et sociale est aggravée par une urbanisation qui se poursuit à un rythme accéléré: de 91 millions en 1950, la population urbaine de l'ensemble des pays méditerranéens devrait atteindre 417 à 443 millions en 2025, générant une concentration des hommes et des activités en zone littorale où le taux d'urbanisation atteindra 75 à 80 % en 2025. Cette urbanisation continue d’enregister des expansions de 4à 6% par an.
L’espace méditerranéen est par son histoire très profondément marqué par de fortes synergies entre «formes urbaines et urbanité (s) » :
− le standard « méditerranéen » de la continuité habitation / rue / places et espaces publics, des relations espace public / espace privé, de la place du climat, de la lumière, du soleil, mais aussi de la réelle diversité des formes d’habitat (urbain, vernaculaire, terrasses, patios…) ;
− c’est aussi un modèle occidental de la ville, d’abord villes grecques avec le plan Hippodamien et romaines, structurées par le Cardo et le Décumanus .L’idée d’une harmonie rationnelle entre la largeur des rues, la taille de la ville , la hauteur des bâtiments non dépourvue de sacré.
− la référence à un monde d’interpénétration, de confrontation, de tolérance, carrefour des civilisations .La ville méditerranéenne a une tradition de brassage culturel et social.
− La place des grandes périodes historiques : villes marchandes, ports des découvertes et des liaisons au long cours, villes industrielles, villes coloniales
− les développements contemporains : les villes tertiaires, la généralisation de l’urbanisation sur les rives de la méditerranée, l’urbanisation touristique, les grands pôles urbains et la persistance de sites portuaires et industriels...
La ville méditerranéenne est porteuse de cette complexité historique ; elle est traversée par les forces et les courants, qui forment la ville contemporaine :
− les grands flux : les transports routiers, aériens, ferroviaires, maritimes, les migrations, la finance ;
− la place des grandes infrastructures, des sites d’échanges économiques et commerciaux dans la structuration des espaces ;
− la démographie et la pression foncière et immobilière, le développement des loisirs et du tourisme ;
−le rôle des moteurs culturels, comme fédérateurs de projets pour les territoires ;
La douceur de ce mode de vie urbain ne doit pas masquer les désordres constatés qui nous donnent une autre image de la ville méditerranéenne, parasite par la faiblesse de sa propre structure productive, macrocéphale à forte concentration humaine, en désordre avec du bâti ancien ,souvent précaire et construit à la va vite , et une pratique économique souvent informelle.
Rien n’est simple en Méditerranée , derrière l’image d’une civilisation commune , qui se traduirait par un modèle de ville , il y a d’importantes disparités économiques et des différences culturelles avec la nécessité de la prise en compte d’un écosystème commun et des stratégies territoriales différentes vers un réel développement durable
Comment faire pour permettre à la ville d’après demain de se refaire sur la ville que nous concevons aujourd’hui et qui bien souvent se construira demain ? Il faut permettre aux générations futures de ne pas se trouver confrontées à toutes les difficultés que nous rencontrons dans nos projets de renouvellement urbain ?
Comment concilier, ou choisir entre l’ambition architecturale et la continuité urbaine ?
L’attractivité de l’arc méditerranéen constitue une opportunité qui impose des exigences à l’égard des acteurs de l’aménagement et de la construction que vous représentez dans cette salle. La pression urbaine est forte, les terrains ou éléments bâtis disponibles sont rares : tout se vend facilement. L’opportunité est clairement entre les mains des pouvoirs publics, et en premier lieux des maires, pour renforcer le niveau de leurs attentes en termes de qualité urbaine et architecturale, de qualité environnementale, de performance économique et de prise en compte des dimensions sociales.
Le capital d’expérience des participants à cette conférence va permettre d’aborder la production et les transformations des villes et de l’occupation urbaine des territoires, de la ville dense à la ville diffuse, de la centralité urbaine aux espaces touristiques, de la recomposition de la ville existante aux développements urbains.
Les thèmes abordés pourront porter sur la politique immobilière, la concertation, la densité, l’ambition architecturale et la continuité urbaine, l’évolution dans le temps de la forme urbaine, la conception et la gestion du projet urbain, l’éco-quartier, la composition et la forme urbaine, les synergies entre projet urbain – architecture – urbanité…