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Titre du blog : L'URBANISTE QUI TENTE L'URBANISME DURABLE
Auteur : urbaniste
Date de création : 23-08-2008
 
posté le 08-10-2008 à 12:04:54

La ligne à grande vitesse Marseille-Nice a du plomb dans l'aile

 

 

Libération édition Marseille du 3/10/08

 

La ligne ferroviaire à grande vitesse qui devait relier Marseille à Nice à l'horizon 2020 pourraît passer à la trappe. C'est en effet aujourd'hui que Réseau Ferré de France (RFF) devait initialement dévoiler lequel des trois tracés étudiés avait sa préférence. Mais le rendez-vous a été reporté, officiellement parce que trop d'élus UMP de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur étaient mobilisés aux journées parlementaires de leur parti à Antibes.

Officieusement, c'est parce que le consensus affiché avant les municipales en faveur du tracé dit des "grandes métropoles" a volé en éclats que cette réunion entre RFF, le préfet de Région et les collectivités territoriales, co-financeurs du projet, n'a pas eu lieu.

Selon le préfet, Michel Sappin, elle pourrait finalement se tenir le 13 octobre, mais rien ne dit qu'elle débouchera sur un nouveau compromis entre des partenaires plus du tout sur la même longueur d'ondes.

Aussi longtemps que les trois grands maires UMP de la région (Jean-Claude Gaudin à Marseille, Hubert Falco à Toulon et Christian Estrosi à Nice) jouaient leur élection ou leur réélection, tous affichaient une nette inclination en faveur du tracé reliant les trois métropoles entre elles par le littoral.

Entre les deux tours de la municipale, Nicolas Sarkozy avait même adressé un courrier à Jean-Claude Gaudin - alors sérieusement menacé par le socialiste Jean-Noël Guérini - pour réaffirmer la volonté de l'Etat de construire cette ligne et de la faire passer par Marseille.

Il n'empêche : dès le mois de juin, le sénateur-maire de la 2e ville de France  brisait le premier le consensus au nom du "réalisme" budgétaire, évoquant le coût très supérieur (11,5 milliards d'euros d'un côté, 8 milliards de l'autre) du tracé "des métropoles" par rapport à celui empruntant la haute vallée de l'Arc, au pied de la montagne Saint-Victoire, avant de filer vers Nice en longeant l'autoroute A8.

Autre avantage de ce tracé : un gain d'une demi-heure sur le trajet Paris/Côte d'Azur, ce qui n'est pas pour déplaire au maire de Nice, Christian Estrosi.

Cette hypothèse est pourtant loin de faire l'unanimité.

Jean-Noël Guérini, le président (PS) du Conseil général des Bouches-du-Rhône, annonce qu'il ne mettra pas un sou dans cette ligne qui laisserait Marseille à l'écart.

Son homologue varois, l'UMP Horace Lanfranchi - un très proche d'Hubert Falco, maire (UMP) de Toulon et secrétaire d'Etat à l'Aménagement du territoire - préfèrerait pour sa part un tracé plus au nord empruntant la vallée de la Durance, l'hypothèse "vallée de l'Arc" ayant l'inconvénient de traverser ses terres d'élection du centre Var.

Quant à la députée-maire (UMP) d'Aix, Maryse Joissains, elle n'a toujours pas dit clairement quel tracé avait sa préférence, mais elle figurait en bonne place dans le cortège des manifestants qui ont défilé le week-end dernier contre le tracé "vallée de l'Arc - Sainte-Victoire".

Ces divergences tardives entre les grands élus de la région pourraient donc aboutir au renvoi de ce projets aux calendes grecques.

Car le préfet Sappin a été clair: faute de consensus sur le tracé et le co-financement par les collectivités territoriales, le dossier risque fort de ne pas voir le jour dans un avenir prévisible.

Les 2000 km de lignes à grande vitesse prévus par le Grenelle de l'environnement d'ici 2020 se feront ainsi partout, sauf en Paca.

Les élus provençaux et azuréens n'ont donc plus que neuf jours pour se mettre d'accord.