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Titre du blog : L'URBANISTE QUI TENTE L'URBANISME DURABLE
Auteur : urbaniste
Date de création : 23-08-2008
 
posté le 08-10-2008 à 12:18:35

Denses cités. La densité peut-elle enrayer l’étalement urbain ? (colloque URBA +, 20/12/06)

 

 

La ville dense résulte historiquement de conditions de transport limitées. La croissance urbaineest due à l’avènement des transports en commun (notamment du chemin de fer), puis del’automobile. Depuis un demi-siècle, l’explosion des mobilités a engendré une dilatationcroissante des espaces urbains et des territoires, qui rend de plus en plus vague la notion de “bassin de vie quotidienne”.

 

L’amélioration incessante des infrastructures de transport a en effet permis, pour la même durée de déplacements quotidiens, d’aller s’installer de plus en plus loin. Vitesse de déplacement et étalement urbain sont donc intimement liés : après la grande vague de croissance des agglomérations des années 1970, l’attrait d’un foncier moins onéreux, de mètres carrés par habitant supplémentaires, d’un cadre de vie plus naturel et de l’accession à la propriété a conduit au renouveau d’un grand nombre de communes rurales, qui ont vu leur croissance démographique se redresser après des décennies de déclin.

 

S’il faut y voir un signe du confort croissant, de la décohabitation des ménages, et du développement de la maison individuelle, cette périurbanisation interpelle aujourd’hui le milieu professionnel de l’urbanisme, face aux exigences de développement durable pour lesquelles le Gouvernement français s’est engagé. Car l’étalement urbain n’est pas le seul fait des pavillons : comme l’habitat, les zones d’activités et nouvelles technopoles se mettent au vert, et plus de la moitié des mètres carrés construits chaque année sont consacrés aux activités économiques. Au final, les sols artificialisés ne cessent de croître et la consommation énergétique liée aux transports est l’une des principales sources de l’aggravation de l’effet de serre.


La tendance actuelle est donc à la mise en avant du concept de densification, sujet sensible car relevant de visions différentes selon les parties : fondement de la ville pour les uns, spectre horrifiant des tours et des barres pour les autres. La densification serait une clé aux problèmes engendrés par l’étalement urbain : réduction de la consommation en foncier et en énergie, moindre utilisation de la voiture et/ou développement des transports en commun. Elle est d’ailleurs présentée comme telle dans les exposés au cours des colloques et autres conférences.

 

A ce titre, l’étude de Newman et de Kenworthy est devenue une référence fréquemment citée par les spécialistes :
Relation entre la densité urbaine et la consommation de carburant dans une trentaine de métropoles dumonde développé, en Giga joules par habitant et par an (Source : Newman et Kenworthy, 1989)

 

Mais la densité n’est pas seulement une question technique, d’architecture et de formes urbaines : elle est avant tout une question politique qui nous invite à réfléchir sur nos modes de vie et sur la capacité de la puissance publique à infléchir les choix individuels dans l’intérêt général.

 

L’objet du colloque n’était pas de prendre parti de manière simpliste pour une idéologie mais au contraire de s’écarter de cette opposition manichéenne densité/étalement urbain. Il semblait en effet plus pertinent de s’en détacher pour se poser une série de questions :
La densité résout-elle vraiment le « problème » de l’étalement ? Pourquoi mais aussi pour qui l’étalement est-il un problème ?
Les individus n’ont-ils pas le droit de préférer la maison individuelle tant décriée par le milieu professionnel ?

Peut-on concilier ces aspirations à la maison individuelle et les exigences de d’urbanité et de limitation de l’empreinte écologique ?

Le renouvellement urbain tel qu’il est prôné par les urbanistes et les politiques prend-il en compte ces besoins d’individualité ?
A qui appartient la ville ?

Quel est le rôle des transports dans la morphologie spatiale ?
La gestion urbaine trouve-t-elle une solution dans la ville dense ?

N’y a-t-il pas la aussi des effets de seuil à envisager pour mieux l’aménager ?
La densité est-elle forcément une valeur positive ?


Telles sont les questions auxquelles nous souhaitions apporter des éléments de réponse dans ce colloque. Des exemples de positionnements locaux sont venus illustrer le propos.


Après avoir examiné ce que recoupaient les notions de densité et d’étalement urbain, il convient de s’interroger sur le véritable intérêt d’une politique de densification et les conditions de sa mise en oeuvre. La politique (politics) et les politiques publiques (policies) n’étant jamais très loin en matière de densité, son acceptabilité sociale est clairement posée. Puis, la réflexion se veut plus critique pour esquisser les premières définitions de politiques de densification, notamment dans le cadre des démarches de schémas de cohérence territoriale (SCOT). Enfin, il s’agit de mettre en évidence les ambivalences des politiques publiques menées
jusqu’à présent dans l’optique d’engager un débat sur les réformes pressenties en la matière.