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Titre du blog : L'URBANISTE QUI TENTE L'URBANISME DURABLE
Auteur : urbaniste
Date de création : 23-08-2008
 
posté le 12-12-2008 à 11:59:05

LA « SOCIETE » BLOQUEE DES URBANISTES


LA « SOCIETE » BLOQUEE

 

 Quand on essaie d’être urbaniste, c’est du moins comme cela que nous nous positionnons lorsque nous « qualifions » des urbanistes à la commission  de qualification des urbanistes de l’OPQU (office de qualification de urbanistes) dont je fais partie, on a un leitmotiv : «  être urbaniste, c’est d’abord être capable non pas de formuler des réponses – toutes faites ou pas – mais plutôt des questions ». Si possible les bonnes, mais ceci est une autre histoire. En clair et sans utiliser de jargon, avant d’agir il faut réfléchir, s’interroger et avoir des hypothèses, qu’on fait partager aux autres, élus, acteurs de la société civile, etc….

 

Incontestablement, les urbanistes le font majoritairement, ce travail, prennent le temps de les formuler, ces questions. Et d’ailleurs, quand nous « qualifions » des urbanistes, ceux qui ne se questionnent pas, eh bien, on ne les qualifie pas….

 

Mais s’il y a un domaine sur lequel on ne s’en pose pas, des questions, c’est l’organisation de notre profession. Notre profession a moins d’audience que le « syndicat des cartomanciennes » (existe-t-il d’ailleurs ?). Notre profession est moins attractive pour les jeunes qu’un séminaire catholique depuis que le cardinal Ratzinger est devenu Pape. Notre profession est encore plus godillot que le parti gaulliste sous De Gaulle (président clairvoyant au demeurant). Notre profession est aussi divisée que le mouvement protestant, et Dieu sait qu’il n’y manque pas d’obédiences et de « chapelles » !

 

Nous baignons dans l’autosatisfaction. Notre profession est morcelée, inorganisée, n’a même pas un slogan moteur pour promouvoir l’urbanisme. On se contente d’auto promouvoir les urbanistes. Même les partis  politiques n’osaient pas tomber dans la société du spectacle, mais les urbanistes l’ont fait !

 

Les résultats sont là, totalement décevants ! Que ce soit en PACA ou ailleurs, nous ne sommes pas écoutés par les décideurs, car nous n’avons rien à dire, sauf à pratiquer l’autosatisfaction. Nous ne sommes pas entendus par les jeunes qui voudraient être urbanistes, car notre manière de nous désorganiser les dissuadent très vite - et définitivement - de venir « donner du temps » aux territoires, et en PACA beaucoup plus qu’ailleurs. Nous sommes ignorés car seul un « quarteron d’urbanistes » s’organise dans chaque région, alors que de nombreux urbanistes travaillent comme salariés dans le « service public des territoires », dans l’ingénierie privé, voire comme « militant de la société civile.

 

J’étais membre de la SFU PACA depuis plusieurs années, estimant qu’il valait mieux intégrer une association  professionnelle apparemment ouverte à tous les urbanistes, plutôt que de rester confiné dans le seul monde des agences d’urbanisme. J’y ai tenu des propos très certainement teinté de réformisme actif (je suis comme ça, même si mon prénom, ni le premier, ni le second n’est Nicolas !) et j’ai obtenu de petits résultats, comme le fait d’intéresser la profession à l’avenir des jeunes urbanistes. Les autres thèmes, j’ai dû les remettre dans ma besace. J’ai beaucoup contribué à « fermer les chapelles » d’urbanistes, nombreuses en PACA, et à favoriser le rapprochement des « familles d’urbanistes ». Après coup, je me dis que mon GPS était mal réglé. C’est en Corse que j’ai dû atterrir, car franchement la vendetta est le lot commun de la profession régionale. La SFU démolit les CAUE, les urbanistes des agences s’enferment dans leur tour d’ivoire, etc…

 

J’ai donc démissionné de la SFU PACA, qui de toute façon m’avait déjà mailé ce message hautement constructif « le chien aboie, la caravane passe » (ça doit être extrait d’un album de Tintin). Et demandé mon adhésion individuelle à l’union régionale des urbanistes de PACA, voulant faire le parcours du jeune urbaniste qui ne s’intéresse pas aux chapelles et veut faire du travail collectif. Le Conseil de cette union, que j’avais aidé à construire m’a convoqué, et m’a fait comprendre - avec le respect dû à un urbaniste qualifié quand même - que ma demande était contraire au règlement. Ce n’était point de la faute de l’union si les urbanistes des agences ne voulaient pas adhérer à l’union. Il suffisait que j’adhère à une autre association et fermons le ban. Voilà comment vit le petit monde des urbanistes.

Je me demande comment ce conseil, dont plusieurs membres, dont le président, sont attachants et sympathiques prendra en charge la candidature de jeunes urbanistes….

 

Adhérez ailleurs et revenez nous voir…. Ce n’est plus du corporatisme, c’est de l’autisme et du conservatisme (et pas éclairé, celui là). En tout cas, ce ne sont pas des perspectives !

 

Ce petit détour par le petit monde des urbanistes de PACA «corsifié» n’a pas pour objectif de poser une quelconque candidature à une présidence. Simplement de commencer à expliquer que la petite société des urbanistes en PACA est au plus mal, et que chercher à la maintenir à flot en l’état ne sert plus à grand-chose.

 

Et cette «corsification» qui bloque les urbanistes de PACA a commencé à gagner la société des urbanistes tout court. J’y reviendrai dans un prochain article. Le sursaut ne passera pas par la victoire - totalement hypothétique - d’un clan contre l’autre. Evidemment, l’histoire de certaines villes italiennes s’est construite de cette façon et a nourri les plus belles pages de … Machiavel. Mais Machiavel, s’il était lucide, n’était pas urbaniste. Et c’est tant mieux, car je n’aurais pas voulu qu’il me qualifie !

 

Commentaires

Roger Bazile le 13-12-2008 à 19:02:00
A l'heure actuelle, les associations d'urbanistes sont comme les collectivités locales : "l'Etat les aime tellement qu'il les a voulu petites, nombreuses et sans pouvoir", pour paraphraser un Sénateur (qui s'est attaqué au mille-feuille territorial de l'agglomération parisienne). Il faudra donc s'engager dans une logique fédérale.
SFU junior le 13-12-2008 à 18:56:57
Il faut effectivement dégripper la machine.