posté le 31-12-2008 à 13:29:08
UN BON PLAN: Faut-il virer le tram de Nancy ? (in EST REPUBLICAIN)
Faut-il virer le tram de Nancy ?
Calculs à l'appui, l'ancien maire
d'Essey, Michel Stricher, juge que le remplacement du tram par du
trolleybus guidé permettrait d'économiser 4M € /an. Avec des
avantages...
L'avenir des transports
sera au cœur des débats le 19 décembre à la Communauté urbaine. Et les
réunions des 20 maires se multiplient en coulisses. Mais c'est l'ancien
premier magistrat d'Essey-lès-Nancy, Michel Stricher, qui dégaine le
premier sur la place publique avec son propre rapport sur l'avenir du
tram !
Cet
ancien directeur départemental de l'Equipement, ancien expert de la
Banque mondiale pour les transports et ingénieur des travaux publics,
met sous les projecteurs un scénario que beaucoup d'élus évoquent tout
bas : le remplacement du tram sur pneus par des trolleybus guidés,
articulés et réutilisant surtout la plate-forme actuelle. L'hypothèse
aurait l'avantage, avec le projet de ligne 2 qui s'oriente aussi vers
des trolleys, d'offrir « une homogénéité » des matériels.
L'opération
est-elle techniquement et surtout financièrement intéressante ? Et
faut-il virer sans attendre un tram dont Michel Stricher pointe encore
les « faiblesses » : engin soumis aux contraintes du code de
la route (tonnage et longueur limités), usure du guidage et du rail,
orniérage, fragilité due au mode guidé discontinu (contrairement à
Caen), consommation de 163 l aux 100 en mode de secours gasoil... Et
surtout « capacité officielle de 143 places », ce qui « est très proche des trolleybus articulés, d'environ 120 » ?
Amortissement
En
s'appuyant sur l'expertise du coût de fonctionnement et sur le rapport
d'exploitation Connex, Michel Stricher chiffre à 60 M€ l'investissement
tram à amortir (hors plate-forme) : 50M € pour l'achat des rames, 10
pour le rail. Soit 2 M€ /an sur 30 ans (si le tram les atteint...). S'y
ajoute la maintenance : au moins 2M € /an selon l'expertise. Et
l'exploitation : 7,6 M€. Conclusion de Michel Stricher : faire tourner
les 25 rames revient à 12 M€ pour 1 million de km par an et 14 M € avec
l'amortissement. Parallèlement, dans un scénario trolley, « l'achat d'un matériel moderne, fiable, éprouvé » coûte « 60 % moins cher ». Et le fonctionnement est « relativement faible
», ajoute l'ancien maire en s'appuyant sur des données de Grenoble,
Lausanne, Salzbourg, Saint-Etienne... Au final, l'ingénieur arrive à 6
M€ /an dans la configuration trolley. « En incorporant l'amortissement et quelques aménagements ».
En clair : il y a un écart sé- rieux...
Eviter les remises à niveau
Suffisant
pour justifier l'éjection rapide de la chenille ? Pour Michel Stricher,
le scénario tient manifestement la route. Et il n'y a à ses yeux que « deux solutions raisonnablement envisageables ».
C'est d'abord « conserver le tram jusqu'à sa fin de vie officielle de 30 ans pour un coût d'au moins 14M€ /an ». Ou « le
remplacer par du trolley (6M € /an) qui, même s'il faut assumer les
frais d'amortissement restant à couvrir pour le tram, reviendra à 8 M€
/an. Soit 4 M d'économie ».
Michel Stricher
va plus loin. S'il reconnaît qu'un des inconvénients de ce second
scénario, est de nécessiter des trolleys d'une largeur inférieure à 2,5
m, il souligne que le marché est en « pleine expansion », que « l'on éviterait les remises à niveau lourdes des trams, lesquels intéressent fortement Caen ». Et « surtout
que cette refonte de la ligne 1 permettrait aisément de la prolonger
jusqu'aux communes voisines, d'éviter les correspondances ». La capacité ? « La
refonte du réseau permet d'y faire face. Et injecter quelques trolleys
supplémentaires par rapport aux trams, ce n'est pas un problème. »
Voilà de quoi allumer la mèche du débat de vendredi !
Ghislain UTARD