posté le 06-01-2009 à 08:29:56
L'EMPREINTE ECOLOGIQUE A REVOIR ? IN notre-planete-info
Instaurée dans le concept strictement anthropocentriste induit
par la culture monothéiste de l’homme-roi, ce judicieux outil
d’évaluation n’a pas tenu compte que nous n’étions pas la seule grande
espèce sur Terre. Ce manque de discernement biocentriste fausse la
donne puisqu’en raison des interdépendances, il n’est guère possible
pour l’animal humain de congédier les autres colocataires de la Maison
du Quaternaire et de ne se préoccuper que des espèces qui le
nourrissent ou lui font belle la vie. C’est un volet de plus à verser
au dossier de notre cécité écologique. Selon ce point de vue
écosophique, les calculs devront être reconsidérés.
Sachant que chaque personne exerce un impact précis sur le milieu selon
sa façon de vivre (produire sa nourriture, les biens qu'il consomme, en
absorber les déchets), le meilleur outil qui ait été imaginé pour
mesurer cette consommation de ressources au prorata de la surface
nécessaire est l’empreinte écologique. Cet indicateur fut inventé au
début des années 1990 par Mathis Wackernagel et William Rees,
spécialistes en planification. À partir de cette évaluation, on peut
déduire si notre économie respecte ou non les capacités régénératrices
planétaires. L'empreinte écologique est évaluée en hectares globaux,
c'est-à-dire en hectares biologiquement productifs selon une
productivité mondiale moyenne. On peut étudier une telle empreinte pour
un individu, une famille, une ville ou une nation, et établir des
comparaisons édifiantes. Il est aussi possible et révélateur de
l’évaluer sur un secteur écologique, un écosystème, comme celui de la
seule forêt à l’échelon mondiale. La terre possède 11,3 milliards
d'hectares de surfaces biologiquement productives, comprenant des
terres et des surfaces d'eau. En prenant une population de 6 milliards
d'hommes, il y a sur Terre 1,8 hectare global disponible par personne
de terres et de mers biologiquement productives. Cette surface se
restreint au fur et à mesure que la population augmente. Quand
l'empreinte par personne est supérieure à 1,8 hectare, on entre en
déficit écologique. L'empreinte écologique moyenne est présentement
évaluée à 13,5 milliards d'hectares globaux, soit 2,2 hectares par
personne. Il y a donc dépassement de 21% par rapport à l'espace
disponible et les activités anthropiques consomment déjà largement plus
que la capacité de régénération de notre planète. Les pays riches sont
évidemment ceux qui présentent les plus grands déficits écologiques. Si
les émirats Arabes-unis s’octroient 9,9 hectares par personne, les
États-Unis 9,5 hectares et la France 5,8 hectares, le continent
Africain ne mobilise qu’1,2 hectare par personne, l’Inde 0,8 hectare et
la Somalie 0,4 hectare par personne (Source : rapport planète vivante
2004 du WWF).
Mais le respect des niches écologiques et de l’espace vital propres aux
autres grandes espèces n’a pas été prévu dans un tel calcul très utile
mais éminemment anthropocentriste. Pour saisir cet aspect des choses,
il suffirait d’imaginer notre destin si, à notre instar, gorilles,
orangs-outangs, chimpanzés, éléphants, rhinocéros, buffles, girafes,
cerfs, chevreuils, sangliers… se taillaient aussi la part du gâteau
avec plus de 6 milliards de représentants ! Qu’adviendrait-il de nous ?
Nous ne sommes pas la seule espèce à jouir de la biosphère et toutes
les espèces sont colocataires dans un mutualisme nécessaire. Il y
aurait donc réellement bien moins de 1,8 hectare par humain si notre
sagacité écologique se montrait apte à ménager un véritable habitat
(lieu de vie) pour les autres animaux que le seul humain, et pas
seulement des réserves d’inspiration environnementaliste dans
lesquelles on abat les éléphants quand ils sont trop nombreux, ou la
technique d’introduire des maladies comme la myxomatose quand le lapin
devient une espèce aussi invasive que nous, ou déclarer nuisibles des
oiseaux comme le corbeau freux, la corneille noire, l’étourneau
sansonnet, l’ibis sacré quand ils commencent à se reproduire avec la
même dynamique que les humains. Revendiquer ce 1,8 hectare pour nous
seuls, notre décor écosystémique et des animaux de consommation, en
expropriant la faune sauvage, n’est donc ni scientifique, ni
raisonnable.
Quelqu’un avait récemment fait le calcul suivant. Si sur son 1,8
hectare, l’humain plantait du blé à raison de 2 tonnes par an à
l’hectare, selon le rendement actuel moyen d’un peu plus d’une tonne,
sa production serait de 1,8 x 2 = 3,6 tonnes de blé... à 160 euros la
tonne de blé (moyenne boursière pour les centrales d'achat de l’époque
), son revenu annuel n’attendrait que 576 euros, soit 1,57 euros par
jour, donc bien en dessous du seuil de pauvreté. Et de ces 576 euros,
il convient de retirer le prix de la chimie incontournable pour booster
la production de 1,1 tonne de beaux blés naturels à 2 tonnes du même
blé en version pathologique, en stérilisant la terre, en polluant les
rivières et en concoctant les petits cancers qui sont désormais partie
intégrante de notre culture performante. Mais si cet habitant vivait en
autarcie et consommait sa production, il disposerait de 9,8 kilogrammes
de blé par jour, soit bien plus qu'il ne peut en consommer, et même en
faisant un peu de troc pour l’obtention d’autres aliments, il pourrait
donc diminuer sa production pour laisser de la place aux animaux
sauvage. Sans agrochimie, la quantité de blé disponible n'attendrait
que 5,39 kg / jour / 1,8 hectare. Cet exemple prosaïque révèle bien que
le commerce engendre une problématique à l’origine de toutes nos
catastrophes, quoi qu’en disent l'OMC, le FMI, la Banque Mondiale, la
FAO…, lesquelles institutions se doivent de cautionner la prédation et
l'esclavagisme moderne.
Il semblerait que pour s’inscrire dans un réel équilibre naturel et
pérenne, l’effectif humain ne devrait pas dépasser tout au plus un
milliard, voire seulement 300 millions selon d’autres points de vue.
Nous sommes bien loin du chiffre des 2 ou 3 milliards que j’avançais
prudemment, sans doute inconsciemment pour ne pas provoquer la pénible
levée des boucliers natalistes. Comme nous n’étions que 250 millions en
l’an 1, ce qui est proposé n’est qu’un retour « à la normale », très
christique qui plus est ! Qu’en serait-il ? Notre espèce vivrait
naturellement, écologiquement, ne serait plus mise en danger. La
biodiversité serait respectée. Les pollutions biologiques seraient
absorbées et neutralisées. Une production naturelle mettrait tout le
monde à l'abri des famines et des maladies artificiellement inculquées.
Mais nous avons un faible pour la surpopulation et ses malheurs, pour
une vie chaque fois plus invivable et même hypothétique pour nos
enfants que nous croyons aimer mais que nous n’engendrons que pour
satisfaire aux dogmes des religions révélées (inventées), patriotiques
(guerres) et consuméristes (banksters). Engrais chimiques, pesticides,
insecticides, herbicides, fongicides, OGM, irradiations alimentaires,
recyclage des déchets alimentaires en aliments consommables, aliments
de synthèses… Nous permettent peut-être de nourrir 10 ou 20 milliards
de personnes. Et encore, pas toutes puisqu’un milliard connaît une
famine quasiment programmée par la spéculation et autres perversités «
humanistes » des pays du Nord.
Notre surpopulation qui cohabite déjà avec ses cancers correspond à un
processus en spirale : nous n’aurons bientôt plus que 800, 400, 200,
50… mètres carrés pour vivre, sur un sol biologiquement mort, dans un
décor nu, pollué, galvanisé. Aurons-nous encore la force d’entreprendre
d’ultimes guerres d’appropriations et d’exterminations, ou bien
signerons-nous ainsi notre autogénocide ?
Dieu a dit à Adam et à Eve : «
Soyez féconds et
multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là ; ayez autorité
sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur tout ce
qui est vivant et qui remue sur la terre. » (Genèse 1,28). C’est à
partir de ce précepte irrationnel que nous avons défini notre sainte
empreinte écologique. Elle n’a donc rien d’écologique, comme tout ce
qui est environnementaliste.
Auteur
Michel Tarrier
Commentaires
j'adore. Je vais rajouter un mot de ce texte dans ma rubrique "rien ke des mots": il n'est pas dans le dico mais avec un peu d'imagination il n'est trop dure de lui trouver sa défénition. salut à+
Intéressant tout ça, bienvenue sur VEF, et bonne année !