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Titre du blog : L'URBANISTE QUI TENTE L'URBANISME DURABLE
Auteur : urbaniste
Date de création : 23-08-2008
 
posté le 06-01-2009 à 08:29:56

L'EMPREINTE ECOLOGIQUE A REVOIR ? IN notre-planete-info

Instaurée dans le concept strictement anthropocentriste induit par la culture monothéiste de l’homme-roi, ce judicieux outil d’évaluation n’a pas tenu compte que nous n’étions pas la seule grande espèce sur Terre. Ce manque de discernement biocentriste fausse la donne puisqu’en raison des interdépendances, il n’est guère possible pour l’animal humain de congédier les autres colocataires de la Maison du Quaternaire et de ne se préoccuper que des espèces qui le nourrissent ou lui font belle la vie. C’est un volet de plus à verser au dossier de notre cécité écologique. Selon ce point de vue écosophique, les calculs devront être reconsidérés.

Sachant que chaque personne exerce un impact précis sur le milieu selon sa façon de vivre (produire sa nourriture, les biens qu'il consomme, en absorber les déchets), le meilleur outil qui ait été imaginé pour mesurer cette consommation de ressources au prorata de la surface nécessaire est l’empreinte écologique. Cet indicateur fut inventé au début des années 1990 par Mathis Wackernagel et William Rees, spécialistes en planification. À partir de cette évaluation, on peut déduire si notre économie respecte ou non les capacités régénératrices planétaires. L'empreinte écologique est évaluée en hectares globaux, c'est-à-dire en hectares biologiquement productifs selon une productivité mondiale moyenne. On peut étudier une telle empreinte pour un individu, une famille, une ville ou une nation, et établir des comparaisons édifiantes. Il est aussi possible et révélateur de l’évaluer sur un secteur écologique, un écosystème, comme celui de la seule forêt à l’échelon mondiale. La terre possède 11,3 milliards d'hectares de surfaces biologiquement productives, comprenant des terres et des surfaces d'eau. En prenant une population de 6 milliards d'hommes, il y a sur Terre 1,8 hectare global disponible par personne de terres et de mers biologiquement productives. Cette surface se restreint au fur et à mesure que la population augmente. Quand l'empreinte par personne est supérieure à 1,8 hectare, on entre en déficit écologique. L'empreinte écologique moyenne est présentement évaluée à 13,5 milliards d'hectares globaux, soit 2,2 hectares par personne. Il y a donc dépassement de 21% par rapport à l'espace disponible et les activités anthropiques consomment déjà largement plus que la capacité de régénération de notre planète. Les pays riches sont évidemment ceux qui présentent les plus grands déficits écologiques. Si les émirats Arabes-unis s’octroient 9,9 hectares par personne, les États-Unis 9,5 hectares et la France 5,8 hectares, le continent Africain ne mobilise qu’1,2 hectare par personne, l’Inde 0,8 hectare et la Somalie 0,4 hectare par personne (Source : rapport planète vivante 2004 du WWF).

Mais le respect des niches écologiques et de l’espace vital propres aux autres grandes espèces n’a pas été prévu dans un tel calcul très utile mais éminemment anthropocentriste. Pour saisir cet aspect des choses, il suffirait d’imaginer notre destin si, à notre instar, gorilles, orangs-outangs, chimpanzés, éléphants, rhinocéros, buffles, girafes, cerfs, chevreuils, sangliers… se taillaient aussi la part du gâteau avec plus de 6 milliards de représentants ! Qu’adviendrait-il de nous ? Nous ne sommes pas la seule espèce à jouir de la biosphère et toutes les espèces sont colocataires dans un mutualisme nécessaire. Il y aurait donc réellement bien moins de 1,8 hectare par humain si notre sagacité écologique se montrait apte à ménager un véritable habitat (lieu de vie) pour les autres animaux que le seul humain, et pas seulement des réserves d’inspiration environnementaliste dans lesquelles on abat les éléphants quand ils sont trop nombreux, ou la technique d’introduire des maladies comme la myxomatose quand le lapin devient une espèce aussi invasive que nous, ou déclarer nuisibles des oiseaux comme le corbeau freux, la corneille noire, l’étourneau sansonnet, l’ibis sacré quand ils commencent à se reproduire avec la même dynamique que les humains. Revendiquer ce 1,8 hectare pour nous seuls, notre décor écosystémique et des animaux de consommation, en expropriant la faune sauvage, n’est donc ni scientifique, ni raisonnable.

Quelqu’un avait récemment fait le calcul suivant. Si sur son 1,8 hectare, l’humain plantait du blé à raison de 2 tonnes par an à l’hectare, selon le rendement actuel moyen d’un peu plus d’une tonne, sa production serait de 1,8 x 2 = 3,6 tonnes de blé... à 160 euros la tonne de blé (moyenne boursière pour les centrales d'achat de l’époque ), son revenu annuel n’attendrait que 576 euros, soit 1,57 euros par jour, donc bien en dessous du seuil de pauvreté. Et de ces 576 euros, il convient de retirer le prix de la chimie incontournable pour booster la production de 1,1 tonne de beaux blés naturels à 2 tonnes du même blé en version pathologique, en stérilisant la terre, en polluant les rivières et en concoctant les petits cancers qui sont désormais partie intégrante de notre culture performante. Mais si cet habitant vivait en autarcie et consommait sa production, il disposerait de 9,8 kilogrammes de blé par jour, soit bien plus qu'il ne peut en consommer, et même en faisant un peu de troc pour l’obtention d’autres aliments, il pourrait donc diminuer sa production pour laisser de la place aux animaux sauvage. Sans agrochimie, la quantité de blé disponible n'attendrait que 5,39 kg / jour / 1,8 hectare. Cet exemple prosaïque révèle bien que le commerce engendre une problématique à l’origine de toutes nos catastrophes, quoi qu’en disent l'OMC, le FMI, la Banque Mondiale, la FAO…, lesquelles institutions se doivent de cautionner la prédation et l'esclavagisme moderne.

Il semblerait que pour s’inscrire dans un réel équilibre naturel et pérenne, l’effectif humain ne devrait pas dépasser tout au plus un milliard, voire seulement 300 millions selon d’autres points de vue. Nous sommes bien loin du chiffre des 2 ou 3 milliards que j’avançais prudemment, sans doute inconsciemment pour ne pas provoquer la pénible levée des boucliers natalistes. Comme nous n’étions que 250 millions en l’an 1, ce qui est proposé n’est qu’un retour « à la normale », très christique qui plus est ! Qu’en serait-il ? Notre espèce vivrait naturellement, écologiquement, ne serait plus mise en danger. La biodiversité serait respectée. Les pollutions biologiques seraient absorbées et neutralisées. Une production naturelle mettrait tout le monde à l'abri des famines et des maladies artificiellement inculquées.

Mais nous avons un faible pour la surpopulation et ses malheurs, pour une vie chaque fois plus invivable et même hypothétique pour nos enfants que nous croyons aimer mais que nous n’engendrons que pour satisfaire aux dogmes des religions révélées (inventées), patriotiques (guerres) et consuméristes (banksters). Engrais chimiques, pesticides, insecticides, herbicides, fongicides, OGM, irradiations alimentaires, recyclage des déchets alimentaires en aliments consommables, aliments de synthèses… Nous permettent peut-être de nourrir 10 ou 20 milliards de personnes. Et encore, pas toutes puisqu’un milliard connaît une famine quasiment programmée par la spéculation et autres perversités « humanistes » des pays du Nord.

Notre surpopulation qui cohabite déjà avec ses cancers correspond à un processus en spirale : nous n’aurons bientôt plus que 800, 400, 200, 50… mètres carrés pour vivre, sur un sol biologiquement mort, dans un décor nu, pollué, galvanisé. Aurons-nous encore la force d’entreprendre d’ultimes guerres d’appropriations et d’exterminations, ou bien signerons-nous ainsi notre autogénocide ?

Dieu a dit à Adam et à Eve : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là ; ayez autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur tout ce qui est vivant et qui remue sur la terre. » (Genèse 1,28). C’est à partir de ce précepte irrationnel que nous avons défini notre sainte empreinte écologique. Elle n’a donc rien d’écologique, comme tout ce qui est environnementaliste.

Auteur

Michel Tarrier
 

Commentaires

xmissbzh le 06-01-2009 à 14:40:05
j'adore. Je vais rajouter un mot de ce texte dans ma rubrique "rien ke des mots": il n'est pas dans le dico mais avec un peu d'imagination il n'est trop dure de lui trouver sa défénition. salut à+
aurore le 06-01-2009 à 10:17:21
Intéressant tout ça, bienvenue sur VEF, et bonne année !