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Titre du blog : L'URBANISTE QUI TENTE L'URBANISME DURABLE
Auteur : urbaniste
Date de création : 23-08-2008
 
posté le 06-02-2009 à 11:27:36

Le président de la République a proposé de remplacer la taxe professionnelle par la fameuse future taxe carbone.

Le président de la République a proposé de remplacer la taxe professionnelle par la fameuse future taxe carbone.

La taxe professionnelle représente la première ressource des communes. Son taux est variable selon les communes et son assiette injuste et inefficace car elle taxe les investissements et l'emploi local. Rien de mieux pour décourager le développement territorial et inciter au dumping fiscal entre communes.

La taxe carbone peut se décliner selon plusieurs versions. Si elle est construite sur la base du bilan CO2 Ademe, elle risque d'être d'un compliqué insupportable. Si c'est une vraie taxe carbone (taxant le contenu carbone incorporé), ce peut être une belle innovation. En détaxant le travail et les investissements et en encourageant l'autonomie carbone, elle favorise les entreprises incorporant de nombreux emplois de proximité. Mais d'un autre coté, les communes auront moins intérêt à développer les Enr qui réduiraient l'assiette de leur fiscalité ! C'est le coté pervers de toutes les taxes environnementales non incluses dans la fiscalité générale.

Certains Etats américains ont remplacé leur fiscalité territoriale par une taxe de cette nature. On en connaît les avantages et les inconvénients.

Au titre des inconvénients, les problèmes qui surgissent lorsque le taux de la taxe carbone est différent selon le territoire. Cela nuit à la convergence vers une valeur unique du prix de l'équivalent pétrole. Par ailleurs, si le taux est modulable par commune, cela risque de rendre cette taxe non compensable aux frontières alors qu'un de ses principaux avantages était que la compensation est autorisée par les règles de l'OMC (ce qui n'est pas le cas du coût des permis d'émettre). L'Europe avait admis de porter cette discussion à son agenda.

Enfin, le fait que l'assiette de cette taxe soit territorialisée risque d'interdire un processus de report en chaine comparable à celui de la TVA au profit d'une assiette calculée sur un bilan fiscal comparable à celui du bilan carbone ADEME, ce qui n'est pas une bonne nouvelle.

Comme le principe de la taxe carbone-co2, adopté par le Grenelle, reporté à plus tard et combattu par certains organismes financiers pose problème, on peut se demander si cette idée n'est pas une manière d'enterrer la taxe carbone.

Lors d'une récente réunion de la commission DD du Medef (laquelle défend plutôt le principe de cette fiscalité moderne et très incitative à l'emploi relocalisé), j'ai eu la surprise de constater que l'Ambassadeur de France du DD auprès des négociations internationales (ambassadeur travaillant avec Jean-Louis Borloo) était plus que réservé sur cette taxe et expliquait que" les grandes entreprises américaines qui la soutenaient versus les propositions européennes de marché depermis n'avaient cette position que parce qu'elles avaient la conviction qu'elle ne verrait jamais le jour..." Explication pour le moins spécieuse...

En revanche, j'ai également noté la demande du PdlR que le G20 respecte l'esprit du Bretton Woods dans le volet réforme financière et intégre la discussion es monnaies et le développement de réserves complémentaires au dollar, lesquelles pourraient se fonder sur les certificats carbone. Proposition que je défends depuis plus de deux ans maintenant.

Merci de votre avis.

Dossier à suivre !

Première réaction à chaud. Patrice Hernu