publié le 02 mars 2009
Entre 1999 et 2006, 100.000 logements ont été construits dans les zones inondables de 424 communes à risques. Ces nouvelles implantations ont surtout contribué à densifier des territoires déjà urbanisés. Dans la majorité des cas, les zones d'expansion des crues ont été préservées.
Selon une enquête
que vient de publier le service de l'observation et des statistiques de
l'environnement (SOeS, ex-Ifen) du ministère de l'Ecologie, près de
100.000 logements supplémentaires ont été construits en terrain
inondable entre 1999 et 2006. Ce chiffre correspond à une hausse de 7%
sur sept ans. En dehors de ces secteurs, l'augmentation du nombre de
logements a été de 6%, avec 430.000 logements supplémentaires.
Si 424 communes françaises de plus de 10.000 habitants sont soumises à
un risque majeur d'inondation, cette forte croissance de la
construction a surtout concerné une cinquantaine de communes. L'étude
du SOeS distingue en effet quatre groupes de communes selon le rythme
de construction en zones inondables.
Quatre familles de communes
Dans un premier groupe de 31 communes, le nombre de logements
exposés a diminué de 7%, ce qui correspond à 3.600 logements. La baisse
de la construction dans les zones submersibles (-4,4%) a été compensée
par une hausse dans les autres lieux (7,2%). Il s'agit en général de
communes de taille assez importante (la moitié compte plus de 12.500
logements) où les superficies inondables sont relativement peu étendues
et moins densément construites que les autres espaces.
Un deuxième groupe, nettement plus nombreux (190 communes), a connu une
relative stagnation du nombre de logements exposés (2.200 logements
supplémentaires). Le rythme de construction en terrain inondable a été
de 2,9% contre 6,8% en dehors. Ce sont pour l'essentiel des communes
plus petites, en nombre de logements, où les surfaces inondables sont
peu étendues et de très faible densité.
Un troisième groupe, concentrant un tiers des communes à risques (147
précisément), a enregistré une augmentation de la construction aussi
importante en zone inondable qu'en dehors (7%, soit 27.000 logements
supplémentaires). A peine plus grandes que les communes du groupe 2,
elles se différencient par des superficies inondables plus conséquentes
et aussi densément construites que les autres terrains.
Dans un quatrième groupe, totalisant 56 communes, l'augmentation a été
très forte avec 74.000 logements exposés supplémentaires et un taux de
croissance nettement plus élevé au sein des zones submersibles qu'en
dehors (8,2% contre 4,4%). Ce sont des communes comptant déjà un grand
nombre de logements (plus de 26.500 dans 50% d'entre elles), avec des
secteurs inondables plus étendus et très densément construits.
Une extension urbaine contenue
"Dans les communes des groupes 3 et 4, les logements en zones
inondables se multiplient d'autant plus qu'ils étaient déjà nombreux en
1999", note le SOeS qui souligne que la pression démographique s'est
répercutée par un accroissement similaire du nombre de logements dans
les parcelles exposées et non-exposées. Signe encourageant, malgré tout
: le nombre de communes couvertes par un plan de prévention du risque
inondation (PPRI) est passé de 13% en 1999 à 61% fin 2007. En
interdisant notamment la construction de logements sur les terrains
exposés à des aléas très dangereux ou sur des terrains non-urbanisés
qui constituent des zones d'expansion des crues, les PPRI permettent de
limiter l'extension urbaine en zones inondables. Globalement, au cours
de la période étudiée, les surfaces urbaines en zones inondables n'ont
crû que de 3 km2 (+0,7%), soit un rythme nettement moindre que celui
observé pour les logements.
L'étude du SOeS souligne aussi de fortes disparités entre départements.
Dans l'Hérault et en Ille-et-Vilaine, la croissance des logements dans
les parcelles inondables des grandes communes étudiées a été d'environ
20% en sept ans. Dans l'Eure, la Seine-et-Marne et la
Meurthe-et-Moselle, ce taux a été un peu moins élevé (entre 11 et 16%).
Dans les Alpes-Maritimes, le Var et le Val-de-Marne, le rythme moyen a
été de 5 à 8%. A l'opposé, des départements comme l'Isère, le
Tarn-et-Garonne, les Pyrénées-Orientales et les Yvelines ont connu un
taux d'accroissement moindre dans les territoires exposés.
Anne Lenormand