À
la veille de la libéralisation des transports des voyageurs, qui doit
intervenir en 2010, la sénatrice Fabienne Keller, chargée d'un rapport
sur « la gare contemporaine, centre de ville
et coeur des transports » a remis hier ses conclusions au Premier
ministre. Elle plaide pour une modernisation devenue indispensable et
un investissement de 4,2 à 5,4 milliards d'euros dans les grandes gares
régionales d'ici à 2020. Conscientes de l'enjeu, des collectivités
locales préparent déjà, dans de nombreuses villes, des projets
d'envergure, mais affirment manquer de financement.
Entre
4,2 et 5,4 milliards d'euros devraient être investis d'ici à 2020 pour
moderniser les grandes gares en région, 3,3 milliards devront également
être injectés pour les gares en Ile-de-France et 1,4 milliard pour les
stations de métro, a indiqué Fabienne Keller, chargée d'un rapport sur « La gare contemporaine, centre de ville et coeur des transports »
qu'elle a remis hier au Premier ministre François Fillon. La sénatrice
UMP du Bas-Rhin dénonce la vétusté de certaines infrastructures et
recommande une rénovation complète pour s’adapter aux exigences
modernes, avec, en particulier, un regroupement multimodal : trains,
bus, tramways, métros et des accès aux autres moyens de transport tels
que le vélo ou la voiture. En réaction, le directeur de la SNCF
Guillaume Pepy a déclaré être prêt à « reconstruire des gares et en faire de nouveaux centres-villes »,
mais demande le soutien d’autres partenaires. Pour assurer ces
investissements, Fabienne Keller envisage l’appui des collectivités,
mais aussi d'autres source de financements, notamment par le biais de
la Caisse des Dépôts.
La Fin d’un monopole
À l’approche de la libéralisation des transports des voyageurs, qui
doit intervenir en 2010, l’avenir des gares passe ainsi au premier plan
de l’actualité. Si la SNCF est aujourd’hui encore à la fois
transporteur et propriétaire des gares, la situation va rapidement
évoluer avec la poursuite de la libéralisation du rail dans l'UE :
entamée en 2003 par le trafic international de marchandises, puis
poursuivie en 2006 avec le fret national, elle doit être étendue l’an
prochain au trafic international de voyageurs, mettant définitivement
fin au monopole de la SNCF. Les collectivités locales ont compris
l’intérêt de développer une zone longtemps délaissée qui représente
désormais une nouvelle dimension, indispensable au développement
harmonieux d’un centre-ville.
Les gares deviennent l’enjeu d’une politique urbaine moderne qui
combine aussi bien le transport multimodal que l’emploi, les bureaux,
l’habitat et les commerces. Aux quatre coins de l’hexagone, des
municipalités préparent le lancement de projets de développement et de
réhabilitation de quartiers qui avaient été bien souvent mis à l’écart
depuis l’après-guerre. En phase de rénovation, ces zones sont sur le
point de trouver un nouvel élan, prêtes à rivaliser un jour avec les
autres « locomotives » de la cité. Les milliards d’investissements
réclamés par Fabienne Keller dans son rapport, permettraient
d’accélérer, voire de lancer, la réalisation de ces projets. Reste à
déterminer d’où viendrait cette manne financière, les collectivités
affirmant être aujourd’hui au maximum de leurs possibilités.
Une nouvelle vision urbaine
Sous l’impulsion, en particulier, de société d’économie mixte
d’aménagement, des quartiers entiers sont déjà imaginés, dans une
vision urbaine innovante qui combine transports, emplois, habitats et
commerces. Amiens Aménagement, par exemple, prépare dans la capitale
picarde la création d’un véritable lieu de vie et d’échange, partie
intégrante d’un centre ville
en pleine mutation. À Saint-Nazaire, les travaux de construction d’un
pôle tertiaire de niveau régional ont également été lancés sous
l’impulsion de la Sonadev, première étape d'un important quartier qui
verra progressivement le jour au cours des vingt prochaines années.
Autre exemple : dans le Maine et Loire, le projet Gare + d’Angers Loire
Métropole vise l’aménagement, par la Sara, des six hectares de friches
du quartier environnant la gare TGV qui participeront ainsi au
développement économique de l’ancienne capitale de l’Anjou.