posté le 17-05-2009 à 10:53:53
Les prochaines années seront cruciales pour la filière photovoltaïque française
ENERGIES - Actu-Environnement.com - 13/05/2009
Selon
un rapport de PricewaterhouseCoopers, la filière photovoltaïque
française pourrait se rationaliser avec la disparition du tarif d’achat
vers 2015. D’ici là, le secteur doit s’efforcer de lever les derniers
freins à son développement.
Avec un triplement du marché français en 2008, le solaire
photovoltaïque confirme son décollage : le parc photovoltaïque total
installé en France a ainsi atteint 175 MW fin 2008 contre 70 MW fin
2007. Selon une étude du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) l’année
2009 devrait également être positive pour la filière. Le cabinet mise
sur une fourchette de nouvelles installations comprise entre 200 et 300
MW soit +100 voire 200% par rapport à 2008 soutenu notamment par les
tarifs d’achat de l’électricité. Le marché 2009 sera centré sur les
installations résidentielles à l’instar des années précédentes mais les
grandes installations pourraient aussi se multiplier. Contrairement
à l’Espagne, la croissance en France n’est pas le fait d’une
spéculation effrénée sur des parcs de grande taille. Le développement
du secteur paraît plus maîtrisé et plus durable grâce à des tarifs
ayant d’abord favorisé les installations résidentielles intégrées au
bâti, note le cabinet dans son rapport.
Le tarif d’achat pourrait disparaître vers 2015
Côté prix, PricewaterhouseCoopers prévoit une baisse des prix des
modules cristallins (-30% attendus sur 2008/2009) mais prévient que
cette baisse sera conjoncturelle du fait d’une surproduction et prévoit
en conséquence un rebond du prix des modules quand les surplus seront
écoulés. Cette situation risque de gêner les fabricants en amont de la
filière française déjà peu nombreux. En revanche en aval, pour les
installateurs/exploitants, les prévisions sont favorables grâce au
maintien du tarif d’achat au moins jusqu’en 2012.
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pour
les sociétés qui n’auront pas su s’adapter à la nouvelle donne
économique et technologique, il sera très difficile de résister - PwC
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À compter de cette date,
une baisse généralisée des tarifs de rachat imposés à EDF est attendue, explique PwC.
Elle devrait suivre les réductions du coût moyen de fabrication des modules,
ajoute-t-il, grâce à une baisse du prix du silicium, aux améliorations
technologiques et à la montée en puissance des couches minces. La
parité réseau qui désigne le moment à partir duquel l'électricité
produite par une installation photovoltaïque peut être proposée au même
prix que l'électricité conventionnelle est attendue pour 2015 date à
laquelle le tarif d’achat ne sera plus nécessaire. Selon PwC, cette
période sera critique pour de nombreuses sociétés apparues récemment
attirées par l’effet d’aubaine d’un marché en forte croissance :
pour
les sociétés qui n’auront pas su s’adapter à la nouvelle donne
économique et technologique, il sera très difficile de résister. PwC prévoit par conséquent une consolidation et une rationalisation de la filière qui devrait profiter
aux acteurs qui ont été ou seront dans un futur proche les plus à même d’atteindre rapidement une taille critique.
Lever les derniers freins au développement
D’ici là, le secteur va devoir lever les obstacles qui le freinent
encore : PwC rappelle dans son rapport que le développement de la
filière française profite d’abord aux fabricants allemands, chinois et
japonais de cellules et modules.
Le
pays doit se doter d’une stratégie de développement pour que cette
industrie soit une pourvoyeuse pérenne d’emplois et attire des capitaux
étrangers, prévient le cabinet.
Le rapport note par ailleurs que la croissance du secteur souffre du manque de personnes formées à l’installation de modules :
ce
facteur limitant du développement peut se doubler de risques sur les
installations liées au manque de qualification technique
d’installateurs, met en garde le cabinet.
L’accessibilité au réseau est l’un des autres facteurs limitants :
sur les 150 MW installés en 2008, près de 50% ne sont pas encore raccordés au réseau,
a expliqué Arnaud Mine, Président de la commission Soler du Syndicat
des énergies renouvelables (SER) lors d’un débat organisé par
Enerpress. Selon lui, il devient urgent de
simplifier les démarches administratives qui souvent nécessitent de contacter 5 administrations pour monter un dossier.
La réglementation devra également être adaptée sans oublier les
protocoles sécuritaires pour l’intervention des pompiers par exemple,
et les régimes d’assurance :
assurer en décennal une technologie qui, il y a deux ans, était encore innovante ce n’est pas simple, estime Arnaud Mine.
Plusieurs travaux vont dans ce sens : réflexion avec ERDF pour
simplifier le raccordement des installations et limiter à 4 mois le
temps d’attente, mise à jour des guides d’installation, publication
d’un guide sur le parafoudre, travaux avec le ministère de l’intérieur
sur les aspects sécuritaires liés aux établissements recevant du public
(ERP) et aux immeubles de grande hauteur (IGH)…
F.ROUSSEL