A
cinq jours de la réunion préparatoire du Forum des économies majeures
sur l'énergie et le climat qui aura lieu en juillet prochain en Italie
en présence des 17 pays les plus pollueurs de la planète, Jean-Louis
Borloo et Bernard Kouchner ont présenté mercredi 20 mai la stratégie de
la France qui passe notamment par un projet de partenariat entre
Europe, Afrique et Pacifique .
Pour le gouvernement, le
défi est de taille : il reste moins de 200 jours avant la conférence de
Copenhague qui, du 7 au 18 décembre, doit déboucher sur un accord
mondial pour lutter contre le réchauffement climatique. Avec le
Grenelle Environnement, initié par Jean-Louis Borloo, la France entend
montrer l'exemple. Les chantiers du Grenelle permettront, selon le
ministre du développement durable, de réduire les émissions de Gaz à effet de serre dans l'hexagone « de 22% à l'horizon 2020 ».
Le point sensible reste le financement des réductions des émissions de
gaz à effet de serre en pleine crise mondiale. Le coût du futur accord
de Copenhague devraient se chiffrer en milliards d’euros à travers le
monde, avec des efforts plus ou moins importants selon les états.
Malgré les difficultés économiques, l'UE reste déterminée. «
L’accord obtenu sous la présidence française sur le « Paquet Energie
Climat » a déjà constitué une étape décisive pour l’Europe », ont
rappelé mercredi Jean-Louis Borloo et Bernard Kouchner, lors d’une
conférence de presse organisée à Paris au Cape. Au programme,
l’objectif dit des « trois fois vingt » à l’horizon 2020 : augmenter de
20% l’efficacité énergétique, réduire de 20% les émissions de gaz à
effets de serre, et porter la part des énergies renouvelables à 20% du
bouquet énergétique.
Vers un partenariat « Europe/Afrique/Pacifique »
Un bras de fer s’est engagé entre les grandes puissances mondiales et les pays en voie de développement
qui demandent plus de soutien de la part des nations les plus riches.
Le Forum des Économies Majeures sur l'Énergie et le Climat (MEF) qui
regroupera le 10 juillet prochain en Italie les 17 pays les plus
pollueurs de la planète « est destiné à faciliter un dialogue franc et ouvert entre les grands pays développés et pays en développement,
afin de donner l’élan politique nécessaire pour l’obtention d’un accord
ambitieux sur le climat à Copenhague en décembre 2009 », ont expliqué mercredi Jean-Louis Borloo, ministre d'État, ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de l'Aménagement du Territoire et Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et européennes. «
La double crise, économique et climatique, doit nous conduire à revoir
notre stratégie autour de deux priorités : passer d’une logique de
guichet de financement à une logique de projets à financer », ont expliqué les ministres. Il faut « concentrer les moyens sur les pays les plus vulnérables au changement climatique, à savoir les états insulaires et l’Afrique ». Le gouvernement a annoncé sa volonté de créer un nouveau partenariat « Europe/Afrique/Pacifique », «
où premiers responsables et premières victimes ne seraient pas face à
face mais côte à côte pour sélectionner ensemble les projets
prioritaires ».
Les discussions préparatoires au Forum des Economies Majeures sur
l’énergie et le climat (MEF), qui auront lieu à Paris les 25 et 26 mai,
puis à Mexico (du 17 au 19 juin), porteront sur les actions et
objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais
aussi sur «
la diffusion des technologies propres, le financement des activités
pour la protection du climat et l’adaptation aux impacts du changement
climatique ». Le MEF a ainsi pris le relais des « Rencontres
entre les grandes économies sur la sécurité énergétique et le
changement climatique » (MEM) initiées par Georges Bush. Le discours
engagé de Barack Obama lui a donné la crédibilité qui manquait à son
prédécesseur.
Rencontre entre pays pollueurs
Afin d’éviter une dégradation climatique irréversible aux effets
dévastateurs, les prévisions du GIEC exigent en effet un engagement
rapide des pays développés avec une diminution de 25 à 40% de leurs
émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, par rapport au niveau de
1990. Objectif que devrait atteindre l’UE avec son Paquet Climat. Reste
à convaincre les autres régions de la planète. C’est pour mieux faire
face à ce défi que le Président américain, qui tient à redonner aux
Etats-Unis un rôle de premier plan, a mis en place début 2009 le Forum
des Économies Majeures sur l'Énergie et le Climat (MEF). Une première
réunion préparatoire a eu lieu en avril dernier à Washington. Les
discussions ont alors porté non seulement sur l’état des négociations
mais aussi sur les technologies à faibles émissions de CO2, notamment
le captage et le stockage du carbone et l’efficacité énergétique du
bâtiment. Les Etats-Unis en ont profité pour présenter leur position
avec à la fois les engagements du Président Obama et la préparation de
la loi de M. Waxman. Le conseiller scientifique de la Maison blanche a
clairement affirmé l’entrée dans une zone dangereuse au delà d’une
hausse de 1,5°C et la nécessité de limiter à 450 ppm la concentration
de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. «
Les autres Etats présents ont fait état de plans nationaux volontaires
de réduction témoignant d’un engagement général des principaux émetteurs, précise le Meeddat dans un communiqué. Le rôle avant gardiste de l’UE, à travers l’adoption du paquet énergie climat européen », a en particulier été mis en avant.
L'objectif de ce Forum est avant tout de préparer un texte de
négociation qui sera examiné à Bonn lors des la conférence sur le
climat qui aura lieu sous l’égide de l’ONU du 1er au 12 juin prochain
(et du 10 au 14 août), puis à Bangkok du 28 septembre au 9 octobre,
avant un dernier round de discussion du 2 au 6 novembre prochain. En
accueillant cette réunion préparatoire les 25 et 26 mai à Paris, la
France veut affirmer son rôle dans les négociations. Les discussions
dans la capitale porteront plus particulièrement «
sur les actions et objectifs de réduction des émissions de gaz à effet
de serre, la diffusion des technologies propres, le financement des
activités pour la protection du climat et l’adaptation aux impacts du
changement climatique ».
(1) Les 17 États sont :
Afrique du Sud, Allemagne, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud,
Danemark (en sa qualité de Président de la Conférence de Copenhague),
États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni,
Russie, Union Européenne (présidences tchèque, suédoise et Commission
européenne). Les Nations unies sont également invitées à participer à ce
dialogue.
Patrick Cros