posté le 03-06-2009 à 22:44:08
Les associations mobilisent contre la suppression de l'avis conforme de l'ABF dans les ZPPAUP
précision: le Sénat et l'assemblée n'ont pas les mêmes positions
D. Musslin
publié le 03 juin 2009
A l'occasion de l'examen, en janvier dernier, du
projet de loi pour l'accélération des programmes de construction et
d'investissement publics et privés, l'Assemblée nationale avait
introduit un amendement supprimant l'avis conforme de l'architecte des
bâtiments de France (ABF) pour les travaux de construction, de
démolition, de déboisement, de transformation et de modification dans
les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et
paysager, les ZPPAUP (voir notre article ci-contre du 28 janvier 2009).
Le projet de loi ayant été déféré, pour d'autres motifs, devant le
Conseil constitutionnel, celui-ci s'était saisi - motu proprio - de la
disposition ainsi introduite. Dans une décision 2008-577 DC du 12
février 2009, le Conseil avait déclaré cet article et cinq autres
"cavaliers législatifs" contraires à la Constitution, car "dépourvus de
tout lien avec les dispositions qui figuraient dans le projet de loi"
et "adoptés selon une procédure contraire à la Constitution". L'épisode
pouvait donc sembler clos.
Mais, à l'occasion de l'examen en seconde lecture du projet de loi de
programmation relatif à la mise en oeuvre du Grenelle de
l'environnement - qui doit venir en séance publique à partir du 9 juin
- la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale a
réintroduit un amendement supprimant l'avis conforme de l'ABF pour les
opérations dans les ZPPAUP (l'avis de l'ABF n'ayant plus dès lors
qu'une valeur indicative). Motif avancé par Patrick Ollier, le
président de la commission des affaires économiques : la création de la
ZPPAUP faisant déjà l'objet d'un avis de l'ABF, un nouvel avis de ce
dernier sur les opérations ultérieures au sein de la zone s'apparente à
un "double avis", obligation "encore plus insupportable quand le second
architecte consulté n'est pas le même que le premier et qu'il émet un
avis différent".
Ce retour de l'amendement n'a pas échappé aux associations de défense
du patrimoine. Dans un communiqué intitulé "Alerte rouge pour la
protection du patrimoine", la Fnassem (les associations du patrimoine)
s'interroge : "Les pouvoirs des ABF : pourquoi et qui gênent-ils ?" la
réponse à cette question vise "certains élus locaux", mais aussi "les
tenants de l'écologie pure et dure qui considèrent de manière
dogmatique que les ABF sont systématiquement contre les énergies
renouvelables dans les ZPPAUP alors qu'ils s'efforcent, la plupart du
temps, de concilier l'intérêt des panneaux photovoltaïques en
particulier et l'esthétique architecturale". La Fnassem a été rejointe
par d'autres associations, comme La Demeure historique qui "soutient
totalement 'l'alerte rouge'". Mais elle a également réussi à rallier à
sa cause l'Association nationale des villes et pays d'art et d'histoire
et des villes à secteurs protégés et sauvegardés. Son président, Martin
Malvy - également président de la région Midi-Pyrénées -, a écrit le 27
mai à Jean-Louis Borloo, en insistant sur le fait que cet amendement
"met en péril des éléments essentiels de la politique patrimoniale de
notre territoire".
Depuis plusieurs mois, les défenseurs du patrimoine se trouvent ainsi
placés dans une situation ambivalente. D'un côté, ils apprécient
l'augmentation par l'Etat des crédits affectés à l'entretien du
patrimoine, notamment dans le cadre du plan de relance. Mais de
l'autre, ils s'inquiètent des coups - le plus souvent d'origine
parlementaire - portés aux dispositifs juridiques et techniques de
protection du patrimoine, qu'il s'agisse de l'avis des ABF ou des chantiers d'archéologie préventive.
Commentaires
L'élaboration de la ZPPAUp ne fait l'objet d'un simple avis de l'ABF. il est associé à son élaboration.
La règlementation qui en découle ressort d'une sorte de "contrat" passé entre l'ABF et le Conseil miunicipal. Il a pour objet la protection de ce patrimoine. Il faut faire le crédit à l'ABF, au bureau d'étude et au maire qu'ils auront su dans cette règlementation distinguer ce qui relève de l'essentiel. Si un projet respecte cet essentiel et se voit opposer un avis défavorable de l'ABF, celui-ci ne pourra oporter que sur l'accessoire, donc. Voilà donc un contrat négocié dans la durée autour d'une démarche commune, remis en cause au nom de l'accessoire. C'est techniquement et politiquement discutable. Discutons en sans parler d'alerte rouge.