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Titre du blog : L'URBANISTE QUI TENTE L'URBANISME DURABLE
Auteur : urbaniste
Date de création : 23-08-2008
 
posté le 09-06-2009 à 12:46:33

La mesure de la croissance devrait prendre en compte le développement durable (IN L'Expansion)

Croissance

La mesure de la croissance devrait prendre en compte le développement durable

Propos recueillis par Emilie Lévêque -  08/06/2009 17:44:00 
Reuters/ Mike Segar
 
L'Américain Josep Stiglitz, Prix Nobel d'économie, qui pilote actuellement une commission de l'ONU sur la crise financière et préside la Commission pour la mesure de la performance économique et du progrès social, créée en 2008.
 

Chargée début 2008 par Nicolas Sarkozy de mener une réflexion sur la mesure de la performance économique et du progrès social, la Commission Stiglitz, du nom de son président, a publié son pré-rapport. La société civile a désormais un mois - jusqu'au 5 juillet - pour réagir à ses premières pistes de réflexion, que détaille Xavier Timbaud, chercheur à l'OFCE et rapporteur de la Commission.

 

L'objectif de la Commission était d'identifier les limites du PIB comme indicateur de performance économique et de progrès social. Or le pré-rapport de la commission ne suggère pas de renoncer à cet étalon mondial...

 

Xavier Timbaud. Le PIB est un indicateur de base, qui permet de mesurer l'activité marchande et la production d'un pays. Il se base sur une méthodologie robuste qui permet des comparaisons internationales. Il ne s'agit donc pas d'y renoncer, mais d'examiner quels suppléments d'information sont nécessaires pour produire une image plus pertinente de la performance économique et du progrès social, notamment en prenant en compte le bien-être des ménages et le développement durable économique, écologique et social.

 

Quelles sont les limites du PIB comme indicateur de référence de la performance économique ?

 

La Commission a identifié trois grands manques : la question des inégalités des revenus, celle des externalités et notamment la question du développement économique durable, des conséquences économiques de la pollution et du réchauffement climatique, et enfin la question du lien entre les richesses matérielles et la qualité de vie, le bonheur.

 

Concrètement, quels indicateurs la Commission propose-t-elle de prendre en compte ou de créer ? L'objectif est-il au final de créer un nouvel indicateur de mesure globale de la performance économique et sociale ?

 

Non, il est très compliqué de construire un indicateur global car il impossible de trancher quand au poids de tous les indicateurs dans l'établissement de cet indice. Ainsi, doit-on accorder plus de poids aux inégalités de revenus ou à la soutenabilité de la croissance ? Le message de la Commission Stiglitz est de dire que ces indicateurs sur les inégalités de revenus et de consommation, sur la qualité de vie des ménages, etc., qui existent déjà, doivent être associer plus régulièrement, voire systématiquement, aux autres indicateurs mensuels de croissance que sont le PIB, l'inflation ou le chômage. Il s'agit aujourd'hui d'en faire des normes de publication.

 

Sur la question, du développement durable, il n'existe pas aujourd'hui en pratique d'indicateur fiable. Que propose la Commission ?

 

L'idée est d'étendre notre définition de la production de richesse à ses conséquences économiques en termes de destruction du patrimoine environnemental. Il existe aujourd'hui quelques indicateurs, comme le PIB vert ou l'emprunte écologique, mais ils restent encore très théorique. IL faut affiner les méthodes de définition de ces indices et lancer leur mise en oeuvre.

 

La Commission a été créée à l'initiative du gouvernement français. Ses résultats se limitent-ils à la France ?

 

Non, bien sûr. La Commission est d'ailleurs composée d'experts reconnus, venant du monde universitaire et des organisations gouvernementales ou intergouvernementales, et de plusieurs pays (Etats Unis, France, Royaume-Uni, Inde). Depuis longtemps, des interrogations croissantes se sont exprimées sur la pertinence des mesures actuelles de la performance économique, notamment celles fondées sur les chiffres du PIB, au sein des milieux universitaires, économiques, dans les grandes organisations ou les ONG. L'objectif de la Commission Stiglitz n'est pas de proposer un manuel mais d'ouvrir un débat, de créer un consensus en fédérant ces diverses réflexion, de proposer des pistes dont pourront s'inspirer tous les pays ou groupes de pays intéressés.