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Titre du blog : L'URBANISTE QUI TENTE L'URBANISME DURABLE
Auteur : urbaniste
Date de création : 23-08-2008
 
posté le 28-06-2009 à 12:37:59

« Faire la ville intense », ou le casse-tête d'une communauté urbaine... et rurale à Lille


 Dense ou pas dense? Exemple de construction au Bois habité, à Lille. :  La Voix du Nord
Dense ou pas dense? Exemple de construction au Bois habité, à Lille. : La Voix du Nord
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Les débats furent riches, hier, au conseil de communauté. Les élus étaient confrontés à une délibération-cadre actant les grands principes de la ville intense, chère à la majorité. Intense, dense : que veulent dire ces termes pour les 40 petites communes qui composent - aussi - la métropole ?

PAR STÉPHANIE FASQUELLE

metro@lavoixdunord.fr PHOTO PATRICK JAMES

 

Logement, économie, transports... Depuis moins d'un an, LMCU mène tambours battants travaux et grands débats. Des sujets qui convergent tous vers la même réflexion finale : comment faire de la métropole lilloise une « ville-territoire  » ? Le grand débat à ce sujet aura lieu en janvier 2010. Sans attendre, les élus ont voté hier une délibération-cadre, « faire la ville intense ». Elle établit de grands principes... qui firent débat, à huis clos, dans la matinée, entre les groupes de la majorité. René Vandierendonck, vice-président à l'urbanisme, n'a pas caché que le texte fut modifié peu de temps avant le conseil.

Seuil de densité

« La ville est depuis longtemps sortie de ses murs, créant la "périphérie", qui entoure les villes ou déborde des champs... », a glissé Henri Ségard, vice-président et chef de file du groupe Métropole Passions Communes. « Entre les besoins des habitants et les ambitions de notre métropole, il faut s'adapter. » Pour les maires qu'il représente, majoritairement de petites communes, certaines au caractère très rural, « faire la ville » donne le frisson. Et lorsque des seuils de densité sont énoncés - pas moins de 35 logements par hectare -, certains élus frôlent le malaise. « La ville intense, ce n'est pas un retour en arrière, a rassuré R. Vandierendonck. C'est mieux construire, plus qualitatif, plus durable, c'est mixer les fonctions (bureaux, domiciles, commerces, écoles) et les populations, c'est lutter contre l'étalement urbain. » Il affiche deux cartes : la métropole en 1950 et en 2001. La population a augmenté de 30 %, les espaces urbanisés ont triplé...

Les élus veulent maîtriser ce phénomène, mais ont déjà voté une délibération logement et des objectifs de construction : 6 000 logements par an. «  Ça fait 30 000 en six ans, dont 20 000 sur le tissu existant et 10 000 en extension. Il faut une superficie équivalente à Lomme et Lambersart réunies , lâche René Vandierendonck. Pouvons-nous le faire tout en pensant aux 1 000 hectares économiques, aux espaces verts et à l'activité agricole ? » Henri Ségard répond : « La solidarité de tous les villages est appelée, mais il faudra tenir compte de la diversité des paysages, l'espace agricole n'est pas une réserve où puiser à outrance. » Et d'ajouter à l'adresse de Martine Aubry : «  Vous ne pourrez réaliser de grandes choses sans prendre en compte la spécificité de notre groupe. »

« Co-production »

Pour régler la question, LMCU a inscrit le principe de « co-production ». « On a déjà des exemples dans la métropole, comme Tournebride à Lomme-Capinghem », cite René Vandierendonck. Autour de la table, LMCU et les deux maires ont conçu ensemble un projet qui respecte le seuil de 35 logements par hectare, sans trahir le caractère rural de Capinghem. La densité est donc partagée : 15 logements l'hectare pour elle, et 80 sur le territoire lommois, où se trouve la station de métro Saint-Philibert. La délibération prend en compte le principe de densifier plus aux abords des pôles de transports en commun.

 

Au final, entre ceux qui ne veulent pas trop de souplesse (sinon, à quoi bon une réglementation ?) et ceux qui défendent leurs terres, les élus sont-ils tombés d'accord ? Sur le texte de principe, oui, en tout cas. Même le groupe d'opposition de droite Métropole Communes Unies n'était pas loin d'approuver. « Il faut en finir avec les zones d'activités, les zones industrielles, commerciales, résidentielles, de loisirs... Le vieux fonctionnalisme a vécu  », a même affirmé Marc-Philippe Daubresse. Pour autant, son amendement a été rejeté sur un « pinaillage » de vocabulaire et son groupe a voté contre.

 

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