par Sonia Pignet
Le projet de loi dit Grenelle I incite les régions, les départements, les
communes et groupements de communes de plus de 50.000 habitants à mettre en
œuvre un plan Climat territorial (PCT). S'ils relèvent encore aujourd’hui d’une
démarche volontaire, le Grenelle II les rendrait obligatoires. Julie Laulhère,
experte à l‘Ademe sur le sujet, explique comment préparer leur généralisation
Que doit contenir un PCT ?
Un PCT est un projet territorial de
développement durable mis en place par une ou plusieurs collectivités ; il vise
la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation du
territoire aux effets du changement climatique. Il doit mobiliser l’ensemble
des partenaires de la collectivité et des acteurs locaux pour atteindre les objectifs
de réduction des émissions définis dans le PCT. En lien avec les autres
finalités du développement durable, il sert également des objectifs économiques
et sociaux tels que le développement de filières locales d’emploi et la lutte
contre la précarité énergétique.
La construction du PCT débute par la mise en place d’une organisation interne
solide, la réalisation du diagnostic initial (repérer notamment les sources
d’émissions de GES les plus importantes sur le territoire), la détermination
d’objectifs de réduction et la définition de moyens pour les atteindre ; il
s’agit ensuite de construire, en lien avec les acteurs du territoire, un plan
d’actions pour le territoire, s’organiser pour le mettre en œuvre et en évaluer
les résultats. Comme tout projet de territoire, le PCT doit s’inscrire dans une
boucle d’amélioration continue, rythmée par des programmes pluriannuels
d’actions opérationnelles, des phases importantes de concertation et des temps
d’évaluation.
Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les collectivités ?
La principale difficulté consiste à
fixer des objectifs de réduction des émissions à long terme (de nombreux
facteurs présentant des incertitudes comme l’évolution des contextes
politiques, des progrès technologiques ou des coûts de l’énergie) et à mesurer
les effets des actions engagées. Généralement, les collectivités essaient de se
caler sur les objectifs nationaux et européens : le facteur 4 et le «3 fois 20»
(20% d’énergie renouvelable, 20% de réduction des émissions et 20% d’économies
d’énergie). Certaines collectivités développent des méthodes de prospective
pour vérifier la tenue de leurs engagements : c’est le cas de la communauté
urbaine de Nantes par exemple.
Autres difficultés : le manque de moyens humains et financiers pour les petites
collectivités. Les leviers d’actions sont très différents d’une collectivité à
une autre en fonction de la disponibilité de ces moyens, mais aussi des
compétences associées au statut. Une petite collectivité ou une collectivité plus
démunie en terme de compétences aura tout intérêt à s’inscrire dans une
dynamique portée à une échelle supérieure (une agglomération par exemple) en
relayant les actions de l’agglomération sur son territoire communal et en
travaillant sur la réduction des consommations énergétique et des émissions de
GES relatives à son patrimoine propre.
Comment se matérialise le soutien de l’Ademe ?
Un PCT n’est pas un outil clé en
main mais un projet politique construit par les acteurs locaux : le processus
de mise en œuvre, les modalités de concertation et le contenu du plan d’action
sont à définir localement.
Dans le contexte de généralisation prévu par le Grenelle II, l’Ademe joue un
rôle de centre de ressources pour apporter le soutien méthodologique nécessaire
aux collectivités : elle construit et met à disposition des outils et méthodes
utilisables par les collectivités pour construire leur projet, elle permet par
la formation la montée en compétence des acteurs territoriaux et des bureaux
d’études, elle favorise l’échange d’expériences et la mise en réseau des
collectivités et elle capitalise l’information et continuer à assurer le
soutien et la valorisation des opérations les plus exemplaires.
Il n’y a pas aujourd’hui de moyens financiers spécifiques pour le soutien
systématique des PCT. Mais dans les CPER (contrat plan Etat-Région), et le cas
échéant dans les Feder (Fonds européen de développement régional), différents
types de soutien techniques et financiers sont mis en place par l’Etat, les
Régions et l’Ademe pour accompagner les collectivités. Les Contrats d’objectifs
territoriaux (COT) de l’Ademe permettent notamment aux territoires proposant
des projets exemplaires de mobiliser des moyens au service de leur PCT : une
assistance méthodologique et des aides financières pour l’animation du PCT, la
réalisation d’études de préfiguration et l’accompagnement de la démarche
(élaboration et mise en œuvre des outils de suivi et d’évaluation du PCT,
élaboration de documents d’information, réalisation de campagnes de sensibilisation
ou de formation,…). Par ailleurs, l’ensemble du système d’aide classique de
l’Ademe est mobilisable pour la mise en œuvre des actions (fonds chaleur et
déchets, mise en place d’un Conseil en Energie Partagée,…).
En quoi la généralisation des PCT va modifier le travail de l’ADEME ? Quels outils allez-vous proposer ?
En 2008, une cinquantaine de ces plans étaient suivis par les délégations régionales de l’Ademe; cette année, c’est une soixantaine de plus qui sont au démarrage. L’obligation à venir concerne en tout près de 400 collectivités. On est donc sur une logique de déploiement plus massif. A ce stade, les modalités précises de mise en œuvre de l’obligation et d’accompagnement des territoires ne sont pas précisées. Elles le seront dans le Grenelle II.
Ce qui est sûr, c’est que l’Ademe ne pourra pas faire, comme elle l’a fait pour
les territoires précurseurs, de l’accompagnement main dans la main pour les 400
collectivités visées. C’est pour cette raison, et parce qu’elle peut
aujourd’hui s'appuyer sur des expériences de terrain, qu’elle se constitue en
centre de ressources pour apporter les outils nécessaires, pour permettre les
échanges d’expériences et la montée en compétence des collectivités, des
services de l’Etat et des bureaux d’études. Le guide que nous avons publié il y
a un mois (1) fait partie de ces nouveaux outils. Il s’adresse aux chargés de
mission et détaille la démarche à suivre pour construire et mettre en œuvre un
plan climat territorial.
(1) «Construire et mettre en œuvre un plan Climat territorial», guide
méthodologique, Ademe, avril 2009.
Commentaires
Autre difficulté connue par les Villes qui ont déjà un plan climat : la difficulté a passé des marché et à trouver des opérateurs dans leur environnement régional. Je pense en particulier à l'Ile de France et à la difficulté de trouver des "tiers investisseurs" pour faire du photovoltaïque.
Autre difficulté connue par les Villes qui ont déjà un plan climat : la difficulté a passé des marché et à trouver des opérateurs dans leur environnement régional. Je pense en particulier à l'Ile de France et à la difficulté de trouver des "tiers investisseurs" pour faire du photovoltaïque.