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Titre du blog : L'URBANISTE QUI TENTE L'URBANISME DURABLE
Auteur : urbaniste
Date de création : 23-08-2008
 
posté le 18-11-2009 à 23:59:06

Pourquoi je ne renouvellerai pas ma qualification d'urbaniste !

                                   Dominique MUSSLIN urbaniste qualifié

 

La profession d'urbaniste est fragile. Mal organisée. Peu visible. Et pourtant le champ de travail est exigeant, immense. Un progrès avait été obtenu en 1998 avec la mise en place d'une qualification, faisant office de validation des acquis d'expérience. Un peu plus de 600 urbanistes ont été qualifiés dans le cadre de ce processus en 11 ans de travail. Je me suis soumis à la procédure et j'ai même été le premier il y a 5 ans à passer par la formule de l'audition devant un jury. Depuis, j'ai joué le jeu en participant de façon constante à la commission d'instruction, le groupe qui reçoit les candidats. Je ne suis donc pas un "décliniste".

 

Cette qualification se renouvelle tous les 5 ans. J'ai pourtant décidé de ne pas en demander le renouvellement. Non pas par peur de ne pas être retenu. Admettons que je ne sois pas à la hauteur, mais dès lors qu'on s'est fait un nom, on ne risque rien ....

 

Je ne renouvellerai pas ma qualification, car je pense qu'il faut désormais s'interroger sur ce dispositif, et ce pour trois raisons au moins:

 

- Cette procédure est un échec, car au bout de 11 ans, seuls 10 % des urbanistes ont été qualifiés,

- Cette procédure n'a aucun impact et s'avère même contre-productive, car elle met en exergue les individus et "négative" les structures, qui ne bénéficient d'aucune qualification collective,

- Cette procédure est devenue discriminatoire. Elle exclut les jeunes, très certainement par excès d'élitisme au sein de l'Office de qualification, et elle dissuade les "petites mains", les "soutiers" de l'urbanisme qui n'ont pas le loisir, en passant de CDD en CDD, de se créer le pannel démontrant qu'il sont des honnêtes urbanistes pratiquant leur art avec une culture générale suffisante.

 

La profession se désintéresse de la promotion de la qualification qui est désormais pilotée en roue libre. Pas une évaluation en 11 ans. Pas de remisse en questions. Non, mais des certitudes. 

 

La validation des acquis d'expérience pourrait être une vraie valeur ajoutée pour un métier comme celui d'urbaniste, mais pas comme celà, en vase clos.

 

Dernièrement, l'Office a délibérément botté en touche et au lieu de montrer de l'empathie à l'égard des jeunes urbanistes exclus du concours d'ingénieur de la fonction publique, il leur a signifié qu'il était neutre ! Là où les associations d'élus ont soutenu les jeunes urbanistes, là où des anciens ministres, une centaine d'élus locaux, des milliers d'urbanistes ont signé la lettre ouverte, l'Office de qualification des urbanistes a, comme Ponce Pilate, lavé ses mains devant cette humiliation.

 

Qu'est devenu le projet de promotion de la profession ?

 

Pire, l'Office a envoyé des émissaires pour critiquer publiquement nos formations universitaires de grande qualité. J'ai récemment critiqué cette dérive, sous la forme d'un pamphlet, car ma colère est grande devant cette reculade, cette dérobade.

 

J'ai honte pour la façon dont nous nous comportons collectivement. Bien évidemment, l'Office a réagi,  non pas pour défendre les jeunes urbanistes, mais pour se plaindre de mon pamphlet. Je précise que je ne regrette pas de dire tout haut ce que je pense tout bas. Même si je suis - peut-être - seul à le penser.

 

Il est temps que notre profession fasse un bilan sérieux de cette procédure et arrête de se fourvoyer dans une impasse. L'Office est un échec, le foisonnement d'associations d'urbanistes l'occasion de "casser du sucre" sur l'association voisine, l'absence d'organisation digne d'une profession de plusieurs milliers de membres un scandale quotidien.

 

 

Le jeune urbaniste est rejeté par l'Office de qualification, le jeune urbaniste est inconnu à Pôle Emploi, et pourtant les jeunes urbanistes nous ont montré la voie, en réunissant derrière eux plusieurs milliers de soutiens dans leur combat pour devenir Urbaniste territorial. Et ce sont eux qui ont mis le sujet sur la table, pas nos institutions divisés, indifférentes et plus prompte à se défendre qu'à soutenir les jeunes urbanistes.

 

Il est désormais temps de stopper cette spirale négative, d'agir, de réagir, de sortir des impasses dans lesquelles nous nous sommes collectivement fourvoyés. Il nous faut rénover en profondeur le processus de qualification.

 

Je suis cohérent. Tant que les jeunes urbanistes resteront exclus de ce processus, je refuserai de renouveler ma qualification.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

urbaniste le 24-11-2009 à 14:21:44
Bonjour Claire


Je pense que mon texte est assez précis. Si je demande à l'OPQU d'ouvrir les portes aux jeunes urbanistes, c'est que la liste d'aptitude reste pour l'instant lettre morte. yingyang
claire 87 le 23-11-2009 à 17:34:57
Quel est votre avis sur la "liste d’aptitude à la qualification d’urbaniste" que devrait développer l'OPQU ?

Si on en croit le site de l'Office, elle devrait recenser de "jeunes diplômés, disposant d’une formation en urbanisme de niveau master".

Ne serait-ce pas déjà un pas vers les jeunes urbanistes ?
CB le 22-11-2009 à 01:50:13
bravo

je viens de répondre peu ou prou la même chose à l'email que je viens de recevoir du collectif national des jeunes urbanistes.

salutations

christian berger

ancien élève de l'IUAR (ex-IAR d'Aix en Provence)